La crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) met les vétérinaires en première ligne, confrontés à une colère grandissante de certains éleveurs. Face à l’abattage préventif massif, ces derniers les qualifient d'« assassins » et de « collabos », une rhétorique jugée nauséabonde par David Quint, président du Syndicat national des sociétés vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).
« La situation se dégrade rapidement, avec des menaces inédites pesant sur notre profession », avertit Quint. À titre d’exemple, Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires, a récemment reçu des messages menaçants, déclenchant des enquêtes judiciaires. Cette violence se manifeste aussi par des agressions physiques et des dégradations de cliniques vétérinaires, illustrant un climat tendu dans le milieu agricole.
Jacques Guérin, président du Conseil national de l’ordre des vétérinaires (CNOV), appelle à une prise de conscience : « Nous ne sommes pas leurs ennemis. Si l'hystérie collective se poursuit, nos relations pourraient se détériorer durablement. » Actuellement, les syndicats réaffirment leur soutien à la politique d'abattage préventif soutenue par la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, pour lutter contre la propagation de cette maladie contagieuse.
Les experts soutiennent que l'abattage des animaux contaminés est la seule option viable pour protéger le reste des troupeaux. Stéphanie Philizot, présidente de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), précise que c’est « un principe de réalité » pour éviter une crise plus profonde. À ce jour, environ 3 300 bovins ont déjà été euthanasiés en France.
Les vétérinaires, déjà fragilisés par la charge émotionnelle liée à ces interventions, peuvent demander un retrait s'ils estiment que leur sécurité est menacée. Le CNOV a même intensifié l'accompagnement psychologique proposé aux vétérinaires mobilisés dans cette situation de crise.
La tension persistante entre les éleveurs et les vétérinaires révèle des enjeux plus vastes sur l'avenir de l'agriculture française. Si les relations entre ces acteurs clés du secteur ne s'améliorent pas, les conséquences pourraient être dévastatrices pour tous, selon des analyses partagées par des professionnels du secteur au sein de *Le Monde* et *France Agricole*.







