Le Parlement européen a récemment pris une décision significative en adoptant des mesures visant à renforcer la protection des agriculteurs européens face à l'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur. Ce vote, qui a eu lieu à Strasbourg, a été approuvé par une large majorité de 431 voix contre 161, avec 70 abstentions.
Cette initiative survient alors que le président français Emmanuel Macron a exprimé sa volonté de reporter le vote du Conseil européen sur ce même accord. Des syndicats agricoles prévoient de manifester à Bruxelles pour exprimer leur opposition. Les nouvelles mesures, présentées par la Commission européenne, cherchent à apaiser les craintes des États membres concernant l'accord, notamment en ce qui concerne le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, la Bolivie et l'Uruguay.
Les eurodéputés ont introduit plusieurs amendements destinés à améliorer ces protections. Notamment, une enquête sera ouverte si les importations de produits agricoles sensibles augmentent de 5 % en trois ans, un taux réduit par rapport à l'ancien seuil de 10 % par an. En outre, ils demandent une accélération des enquêtes pour une mise en œuvre rapide des mesures de sauvegarde, y compris le rétablissement de droits de douane si nécessaire.
Un aspect crucial des nouvelles dispositions est un mécanisme de réciprocité. Cela obligera la Commission à prendre des mesures si des preuves crédibles montrent que les importations ne respectent pas les normes européennes en matière d'environnement, de santé publique, de bien-être animal ou de sécurité alimentaire. Ce point a été salué par le rapporteur Gabriel Mato du Parti populaire européen, qui voit cela comme une réponse aux préoccupations des agriculteurs.
Cependant, certains députés, comme Jérémy Decerle du groupe Renew Europe, restent sceptiques. Selon lui, malgré ces améliorations, les garanties demeurent insuffisantes et trop vagues pour assurer une protection efficace des producteurs européens. Ce désaccord pourrait ralentir le processus de ratification, avec des négociations entre le Parlement et le Conseil de l'Union européenne devant débuter rapidement, visant à trouver un compromis sur le texte.
Angela Borgeois, analyste senior à l'Institut de l'agriculture et de l'environnement, souligne que la rapidité des démarches européennes pourrait être cruciale. Elle mentionne que des discussions continuelles doivent être menées pour renforcer les garanties avant la signature officielle de l'accord prévue à Foz do Iguaçu au Brésil. La dynamique actuelle montre que l'accord ne fait pas l'unanimité au sein du Parlement, suscitant des préoccupations sur son acceptation future.







