Après plus d'une décennie d'exil, certains Syriens, ayant fui la répression du régime de Bachar al-Assad et la guerre civile, prennent le risque de revenir au pays. L'histoire émotive de Samer Al Ahmad, journaliste, illustre ce choix bouleversant.
Ce texte s'inspire d'un reportage approfondi sur le retour des Syriens. Cliquez sur la vidéo pour découvrir l'intégralité de l'histoire.
Près d'un an après la chute du régime d'Assad en décembre 2024, des familles, comme celle de Samer et Afra Al Ahmad, retrouvent Azaz, leur ville natale sise au nord de la Syrie. Les retrouvailles se font avec leurs proches, où sourires et larmes d'émotion se mêlent. Afra exprime sa joie : "C'était un rêve qui se réalise. J'ai toujours dit à mes filles que nous allions rentrer et leur expliquer les raisons qui nous ont éloignés de notre terre."
Une responsabilité à assumer : celui de revenir
En 2013, alors qu'il couvrait les révoltes, Samer est emprisonné par le régime d’Assad. Il fuit ensuite vers la France avec ses filles. Maintenant, avec la chute d’un régime si longtemps oppressif, l'espoir de reconstruction renaît. Dans les ruelles ravagées de son enfance, Samer découvre les vestiges de son passé, des souvenirs érodés par les combats acharnés de la guerre civile.
Pour lui, il est crucial que ses enfants comprennent l'héritage de leur pays. "Le régime a causé la mort de tant de Syriens. Il est essentiel qu'elles prennent conscience de notre histoire et de notre lutte," insiste-t-il. Il se sent également investi d’une mission : "Nous devons reconstruire, que ce soit avec nos mots en tant que journalistes ou avec nos mains."
Des vies effacées : un retour compliqué
Cependant, le retour en Syrie n'est pas sans défis. Samer, comme de nombreux opposants, découvre qu'il est considéré comme "mort administrativement". Dans la capitale, Damas, il cherche à prouver qu’il est bel et bien vivant. Un témoignage poignant de Samer souligne cette absurdité : "Un ami a reçu un acte de décès à mon nom. Lorsque la police a été interpelée, ils ont simplement répondu : 'Nous savons qui vit et qui meurt ici.'" Son avocat, Yasser Al-Farhan, dénonce cette pratique : "C'est un véritable assassinat administratif."
Face à une Syrie qui navigue entre les défis d’un nouveau ordre, les Al Ahmad, comme plus d'un million d'autres Syriens récemment revenus, sont décidés à jouer un rôle actif dans la renaissance de leur pays. Comme l’indique Le Monde, ces retours témoignent d'une résilience incroyable et d'un désir ardent de reconstruire un avenir meilleur, malgré les cicatrices laissées par la guerre.







