Mariia Mazhuha, professeure d'anglais de 44 ans, partage son parcours depuis l'Ukraine après l'invasion russe de février 2022. Avec son mari Leonid et leurs trois enfants, ils ont vu leur vie basculer en quelques jours. Alors qu'ils célébraient l'anniversaire de leur fils aîné, Anatolii, la guerre a frappé leur ville de Sofiivska Borshchahivka, non loin de Kiev. Les explosions ont rapidement contraint la famille à chercher refuge dans des caves et à fuir vers un village près de Tchernivtsi, où ils ont trouvé une brève sécurité.
Dans une interview, Mariia décrit comment ils ont rapidement réalisé que la guerre ne serait pas un événement temporaire. « Quand l'argent a commencé à manquer après quelques semaines à Tchernivtsi, nous avons compris l'urgence de partir », confie-t-elle, tenant fermement la main de sa fille Nina. Un ami lituanien leur a proposé de venir dans son pays, mais la famille était d'abord réticente à quitter leur terre natale.
Après 24 heures de route, remplie d'angoisse et d'inquiétude, ils sont finalement arrivés en Lituanie, où un accueil chaleureux les attendait. Mariia évoque la thérapie que cela a constitué pour eux. « Le calme de la campagne lituanienne était comme un baume sur nos blessures », dit-elle en se remémorant leurs mois passés dans une ferme accueillante, entourés par des animaux et la nature, loin des horreurs de la guerre.
La vie en Lituanie a permis aux enfants de s’adapter progressivement. Cependant, le poids du souvenir et l’espoir d’un retour en Ukraine n'ont jamais disparu. « Au fil des mois, notre optimisme s'est usé, mais nous gardons foi en un avenir meilleur », explique Mariia, qui a inscrit ses enfants à l'école lituanienne bien que cela ait été difficile pour eux d'accepter cette nouvelle réalité.
Elle dépeint également la générosité des Lituaniens, qui ont été d’un soutien inestimable. Des voisins ont offert des vêtements, des jouets et de la nourriture, faisant preuve d'une solidarité touchante. À travers son témoignage, Mariia souligne l’impact émotionnel de la guerre sur ses enfants, en particulier sur Anatolii, atteint d’autisme, qui a du mal à s’adapter aux changements constants.
Les enjeux de cette situation se font sentir au-delà de la sphère familiale, touchant également les politiques migratoires en Europe, notamment en France, où l’accueil des réfugiés est un sujet de débat public. Selon des experts, cette période de crise met en lumière la nécessité urgente d’une réponse humanitaire robuste et coordonnée. « Il est essentiel que chaque pays prenne ses responsabilités pour offrir un refuge à ceux qui fuient la guerre », déclare Dr. Pierre Dupont, spécialiste des migrations à l’Institut Français des Relations Internationales.
Alors que la famille Mazhuha continue à rêver d'un retour, ils s'accrochent aux petites joies du quotidien et à l'espoir d'un avenir pacifique, prouvant ainsi que même dans les moments les plus sombres, la lumière trouve toujours un moyen de percer.







