Le 9 décembre marque l'indépendance de la Tanzanie, mais cette année, les festivités sont éclipsées par un mouvement de contestation grandissant. La jeunesse, en particulier la Génération Z, s'organise pour manifester contre la répression brutale qui a suivi les élections du 29 octobre dernier. Lors de ces élections, la présidente Samia Suluhu Hassan a été réélue avec un score controversé de 98%, un résultat que de nombreux observateurs qualifient d’illégal.
Les appels à manifester, qu'on retrouve sur diverses plateformes comme Instagram et TikTok, circulent malgré l'interdiction officielle des rassemblements imposée par les autorités. David Misime, porte-parole de la police, a affirmé que ces appels émanaient de « sources non identifiables » et que le dispositif policier serait renforcé pour empêcher les mobilisations. En réponse à cette situation préoccupante, l’ONU et plusieurs pays, y compris les États-Unis, ont exprimé leur inquiétude face à une éventuelle escalade de la violence.
Les jeunes, âgés de 16 à 30 ans pour la plupart, se réunissent virtuellement autour du hashtag « #D9 », symbole de leurs revendications. Selon le sociologue tanzanien, Dr. Emmanuel Mhando, « la dynamique de cette mobilisation est historique, car elle montre une jeunesse qui refuse de se laisser faire et qui utilise les outils numériques pour revendiquer ses droits ». Les jeunes utilisent les réseaux sociaux comme un canal pour contourner la censure et relayer leurs messages de désespoir mais aussi d'espoir de changement.
Cependant, le climat de peur est palpable. Un jeune témoin, ayant requis l'anonymat, a partagé : « Je crains pour ma sécurité, chaque communication peut m'exposer à des arrestations. » Ce sentiment d’insécurité est partagé par beaucoup, en raison des violences rapportées lors des manifestations de la semaine dernière, qui auraient coûté la vie à plus de 1 000 personnes. Des rapports de l'ONU évoquent des disparitions, des enlèvements, et des décès survenus dans des circonstances suspectes, ce que le gouvernement dément catégoriquement.
La communauté internationale, à travers des personnalités influentes telles que l’ancienne Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a appelé à des enquêtes indépendantes sur ces violences. Pendant ce temps, les jeunes de Tanzanie continuent de se battre pour la justice et un avenir meilleur, transformant une célébration justifiée de leur indépendance en un cri de ralliement pour la liberté. Le 9 décembre sera-t-il un tournant décisif dans cette lutte pour la démocratie dans le pays ? Le monde regarde avec attention.







