La décision tant attendue concernant le budget de la Sécurité sociale se profile à l'Assemblée nationale, et l'avenir de Sébastien Lecornu, le chef du gouvernement, est en suspens. Prévu pour mardi, le vote pourrait se révéler décisif. Bien que le Premier ministre bénéficie du soutien du Parti socialiste, il fait face à une fronde au sein de ses propres rangs, notamment de la part des Républicains et d'Horizons, inquiets des concessions accordées à la gauche.
Ce scénario incertain est aggravé par le fait que le texte pourrait être écarté en raison des tensions internes au gouvernement. Olivier Faure, le leader du PS, a certes incité à voter 'pour', mais cette impulsion pourrait être neutralisée par la résistance de certains alliés. Les débats s’annoncent tendus lors de cette deuxième lecture. L'un des points majeurs de contention est la suspension de la réforme des retraites, laissée de côté pour assurer un soutien plus large.
Le rejet de ce budget pourrait signifier un sérieux revers pour Lecornu, même si la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, a déclaré que sa démission serait inappropriée dans ce contexte. En à peine trois mois à Matignon, Lecornu a choisi d'écarter le recours au 49.3, un choix tactique pour éviter un vote par censure. Sa stratégie repose sur des 'petits pas' pour rallier les députés.
Le Premier ministre a déjà éprouvé des difficultés à sécuriser les voix pour le volet 'recettes' du budget, adopté de justesse grâce à divers compromis. Il s'est donc tourné vers les députés pour les convaincre de soutenir le volet 'dépenses', tous deux votés ce mardi. Des efforts titanesques ont été déployés pour séduire les députés d'Horizons, considérés comme cruciaux. Édouard Philippe, ancien Premier ministre et désormais leader d'Horizons, a exhorté ses membres à s'abstenir, bien que quelques-uns envisagent de voter en faveur.
De plus, le gouvernement s'efforce d'obtenir des abstentions parmi les parlementaires écologistes via un amendement visant à augmenter l'objectif des dépenses de l'assurance maladie de 2% à 3%. La présidente du groupe des Verts, Cyrielle Chatelain, a expressément demandé un engagement sur l'utilisation de chaque euro voté, une garantie qui a été rapidement confirmée par la ministre Amélie de Montchalin.
Face à l'éventualité d'un déficit de la Sécu atteignant 30 milliards d'euros en 2026 en l'absence d'adoption de ce texte, les tensions politiques se sont exacerbées. Le chiffre prévisionnel du déficit se situerait à 19,6 milliards en 2025, mais cela inclut le transfert ponctuel de 4,5 milliards des caisses de l'État, susceptible de creuser le problème à long terme, selon des critiques de la droite.
Enfin, la dynamique de vote paraît incertaine : si Renaissance, le MoDem, le PS et le groupe Liot devraient majoritairement soutenir le texte, le Bloc insoumis et l'alliance RN-UDR sont attendus pour voter contre. Les communistes sont également disposés à rejeter le budget. Même au sein de LR, des voix contraires à la réforme des retraites pourraient se prononcer en faveur du budget, accentuant l’incertitude.
En cas d'adoption, le texte ne sera pas en sécurité. Il retournera au Sénat avant de revenir en séance à l'Assemblée, où le gouvernement pourrait finalement avoir son mot à dire. Les enjeux de ce vote sont donc énormes et les craintes d'un éventuel chaos social, s'il venait à échouer, sont palpables, comme l'a prévenu Bruno Retailleau, du parti Les Républicains. Quoi qu'il en soit, il sera impératif de suivre l'évolution de cette situation avec attention.







