La Nuit du Bien Commun organisée ce mercredi à Bordeaux est loin d’être un événement ordinaire. Sous la houlette de Pierre-Édouard Stérin, milliardaire controversé, cette soirée caritative suscite de vives réactions, tant elles soulèvent des questions politiques et sociales majeures.
Des manifestations sont prévues à proximité du Palais de la Bourse, où le gala se déroulera, symbolisant la montée des tensions dans un climat d’opposition. Les organisateurs, eux, insistent sur le caractère purement philanthropique de l’événement, affirmant que les liens avec Stérin ont été rompus. « Nous sommes totalement indépendants », declare un membre du comité organisateur, soulignant que le choix des associations reste libre de toute influence politique.
Cependant, la saga de ce gala de charité n'est pas sans histoire. Depuis sa création en 2017, la Nuit du Bien Commun a connu un développement rapide avec l’organisation de 15 événements similaires à travers la France. L'édition de décembre dernier avait permis de collecter 400 000 euros pour diverses associations, mais les récentes révélations sur le projet Périclès de Stérin, visant à promouvoir des valeurs politiques d’extrême droite, parasitent l’image de cette initiative. Comme l’a rapporté Le Monde, plusieurs maires, dont Pierre Hurmic, ont exprimé leurs inquiétudes concernant les implications de cette philanthropie qui pourrait servir de couverture à des idéologies rétrogrades.
La situation est délicate pour les associations essayant de naviguer entre leurs besoins de financement et le risque d’être associées à une démarche dont elles n’approuvent pas les valeurs. Beaucoup, comme l’association Dédale, engagée dans la lutte contre le sans-abrisme, ont décidé de ne pas participer, préférant préserver leur intégrité. Leur président, Morgan Garcia, rappelle qu’être enrôlé dans un projet perçu comme idéologique pourrait nuire à leur image et à leur mission sociale.
Véronique Fayet, ex-adjointe d’Alain Juppé, soutient néanmoins le gala, affirmant qu’il pourrait apporter un soutien indispensable à des petits projets locaux. « Les organisateurs veulent un contact direct entre donateurs et porteurs de projets, autrement impossible », déclare-t-elle. Mais cette vision d’un partenariat au service de la générosité soulève question, notamment dans le contexte où le financement public des associations décline au profit de dons privés qui peuvent engendrer des logiques clientélistes.
Les débats autour de la Nuit du Bien Commun, loin de se limiter à Bordeaux, révèlent ainsi une réflexion plus large sur les modèles de financement des initiatives sociales en France et les dangers d’une instrumentalisation politique dans le domaine de la charité. Comme le souligne un rapport de l’Observatoire régional de la vie associative, les associations sont de plus en plus fragilisées financièrement, rendant leur survie économique de plus en plus dépendante de ce type de mécénat.
Pour plus d’informations, consultez Sud Ouest et d'autres sources.







