Dans les coulisses de Stellantis, un véritable schisme se dessine. D'un côté, Robert Peugeot, 75 ans, en quête d'un renouvellement de son mandat ; de l'autre, son cousin Xavier, 60 ans, actuel responsable de la marque DS, qui aspire à revitaliser la voix de leur famille au sein du géant automobile, considéré comme le quatrième constructeur mondial.
Xavier Peugeot, qui a précédemment dirigé la branche des véhicules utilitaires, souligne l'importance d'une voix forte de la famille dans les orientations stratégiques de Stellantis. Selon des sources proches, il est convaincu que Robert, bien que respecté, a atteint un point où il est temps de céder la place. "C'est une réalité difficile à accepter, mais parfois il faut passer le flambeau", a exprimé un membre de la famille.
"La fusion avec Opel ou Fiat Chrysler s'est faite sans que la famille ait son mot à dire", s'irrite un proche de Xavier, faisant référence à l'influence grandissante de John Elkann, président de Stellantis, par rapport aux aspirations des Peugeot.
De son côté, le camp de Robert défend une position plus passive, arguant que les opérations de jour ne relèvent pas du conseil d'administration, mais de la direction exécutive, actuellement sous la houlette d'Antonio Filosa. Cependant, cette approche soulève des critiques au sein de la famille, qui craint que l'héritage français de Stellantis ne soit dilué.
Les tensions vont également au-delà des simples rivalités familiales, elles touchent aussi la question de l'industrie automobile en France. Xavier Peugeot insiste sur la nécessité de maintenir une empreinte industrielle forte dans l’Hexagone, alors même que Stellantis envisage éventuellement de réduire sa production en France, comme le spat le récent rapport de Le Monde.
La position de John Elkann a suscité de vives inquiétudes chez certains membres de la famille Peugeot, particulièrement après son recent remaniement qui a favorisé des cadres provenant de Fiat Chrysler au détriment de ceux de PSA. "Il y a un équilibre à retrouver, et Xavier Peugeot se positionne comme un acteur clé dans cette lutte", a déclaré l'un de ses soutiens.
Malgré les tensions, Robert Peugeot reste ferme dans sa conviction que les compétences dépassent les nationalités. Un responsable proche de lui a déclaré, sur un ton pragmatique : "Ce sont les compétences qui doivent être au cœur des préoccupations, pas les origines." Cette position est partagée par d'autres investisseurs, comme Bpifrance, qui privilégient une approche résolument tournée vers l'avenir.
Alors que les débats internes s'intensifient au sein de la famille Peugeot, la situation de Stellantis sur le marché international demeure préoccupante. Comme l’a souligné un expert du secteur lors d'une récente interview : "Le constructeur doit naviguer au sein d'eaux tumultueuses, et une vision unifiée est essentielle pour sa survie future." Cela rendra sans doute l'élection au conseil d'administration encore plus cruciale, non seulement pour la famille, mais pour l'avenir de l'industrie automobile française.







