Vingt-cinq ans après sa publication, une étude considérée comme décisive sur le glyphosate a été récemment retirée par la revue Regulatory Toxicology and Pharmacology. Cette recherche, publiée en 2000, affirmait que le glyphosate, un herbicide commercialisé par Monsanto (aujourd'hui Bayer), n'était pas dangereux pour la santé humaine. Ce retrait miné par des allégations de conflit d'intérêts fait la une des préoccupations éthiques dans le milieu scientifique.
La décision de rétracter l'étude est un événement rare qui oblige les chercheurs à ne plus la citer comme référence, une démarche essentielle après avoir été largement utilisée durant des décennies.
Contributions suspectes des employés de Monsanto
Le rédacteur en chef adjoint de la revue, Martin van der Berg, a déclaré que le retrait était motivé par des questions sérieuses concernant l'intégrité scientifique. Des employés de Monsanto auraient joué un rôle dans la rédaction de l'article sans être mentionnés comme co-auteurs, un fait qui soulève d’importantes interrogations sur l'indépendance des conclusions tirées. Il a ajouté que cette situation remet en cause l’objectivité académique des auteurs, dont les trois principaux, Gary M. Williams, Robert Kroes, et Ian C. Munro, auraient été directement rémunérés par la société.
Martin van der Berg a contacté Gary M. Williams, l'un des co-auteurs survivants, pour obtenir des éclaircissements sur ces préoccupations, mais n’a pas reçu de réponse. Dans le cadre de cette affaire, des experts du domaine ont exprimé leurs inquiétudes. Le biologiste français Gilles-Eric Séralini, célèbre pour ses travaux sur les OGM et les pesticides, estime que ce retrait constitue une avancée pour la transparence scientifique. Selon lui, « il est crucial que les données scientifiques soient libres de toute influence économique ».
Ce scandale relance le débat sur l'utilisation des herbicides, en particulier dans un contexte où la santé publique est de plus en plus mise en avant. Comme l’a rapporté Courrier International, les avis sur la sécurité des produits chimiques dans l'agriculture sont souvent clivés, et cette affaire n’est qu’un des nombreux conflits dans le vaste terrain d’expertise de la science et de l’industrie agrochimique.







