En ce début novembre, Brevo, pionnière dans la gestion des relations clients numériques, a célébré son entrée dans le cercle fermé des licornes. Avec une valorisation franchissant le cap du milliard de dollars, la France s'enorgueillit désormais d'une trentaine de ces entreprises prometteuses. Pourtant, même si ce chiffre a considérablement crû ces dernières années, la dynamique semble s'essouffler douce.
Si les chiffres varient légèrement d'une source à l'autre, tous s'accordent sur un fait : la France compte désormais une trentaine de licornes, ces start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars, soit 860 millions d’euros au taux actuel.
Avec Brevo, autrefois connue sous le nom de Sendinblue et fondée en 2007, la liste s'allonge, maintenant aux côtés d'autres grands noms tels que Doctolib, Mistral AI, BlaBlaCar et l'assureur Alan. Caroline Tarillon, maître de conférences à l’Institut d’administration des entreprises de Grenoble, précise : "Le boom des licornes françaises a pris son envol aux alentours de 2019 à 2022, illustrant un changement dans la culture entrepreneuriale".
Ce phénomène a permis à des entreprises telles que ManoMano, Lydia et Back Market de rejoindre les rangs des entreprises de plus d’un milliard. Leur ascension a été largement facilitée par l'essor des politiques publiques favorisant l'entrepreneuriat. Marion Flécher, maître de conférences à l’Université Paris Nanterre, souligne que "ces initiatives, lancées durant les quinze dernières années, ont eu un impact significatif sur l’écosystème numérique français".
Aujourd’hui, la France peine à rattraper ses voisins européens. Alors que l'Allemagne compte 36 licornes et le Royaume-Uni en aligne 57, la France doit faire face à plusieurs défis. Selon Caroline Tarillon, les financements, essentiels pour la croissance des start-ups, deviennent plus sélectifs après la crise économique engendrée par le Covid-19. Les incertitudes politiques, notamment la dissolution de l'Assemblée nationale, pourraient aggraver cette situation.
Les experts s’accordent à dire qu’il est crucial de lever ces barrières. "Le développement des fonds de capital-risque est fondamental pour stimuler l'innovation", explique Marion Flécher. Dans un marché de plus en plus fragmenté, les start-ups françaises doivent naviguer entre une réglementation complexe et une concurrence accrue, invisible dans les vastes marchés nord-américains.
Pour atteindre l'objectif fixé par Emmanuel Macron de 100 licornes en 2030, les acteurs du secteur et des politiques publiques devront collaborer étroitement pour créer un environnement propice à l'émergence d'un plus grand nombre d'entreprises à fort potentiel.







