Dans un contexte de crise hydrique exacerbée par le changement climatique, le Maroc se tourne vers le dessalement de l'eau de mer comme solution viable pour satisfaire ses besoins en eau potable. En effet, le royaume vise à augmenter la part de l'eau dessalée à 60% d'ici 2030, contre 25% actuellement, a déclaré Nizar Baraka, ministre de l'Eau, lors du Congrès mondial de l'eau à Marrakech.
Cette initiative arrive alors que le pays subit sa septième année consécutive de sécheresse, avec des répercussions économiques sérieuses et des niveaux de barrages en chute libre. L'année 2022 a été marquée comme l'une des plus chaudes des quatre dernières décennies, selon la Direction générale de la météorologie.
Investissements stratégiques pour un avenir aquatique
Pour atteindre cet objectif ambitieux de 1,7 milliard de mètres cubes d'eau dessalée par an, le gouvernement marocain a prévu des investissements conséquents, notamment la construction d'une usine près de Tiznit, estimée à 929 millions d'euros, et capable de produire 350 millions m³ par an. Cette usine, alimentant également les zones agricoles environnantes, représente un pilier de la stratégie de sécurité hydrique du pays.
D’autres projets, soutenus par des entreprises partenaires comme Veolia, sont également en cours à Rabat et Tantan. Parallèlement, quatre autres usines sont en chantier, parmi lesquelles figure une unité à Casablanca, développée par le groupe espagnol Acciona et d'autres acteurs locaux du secteur.
Anticipation face au stress hydrique
Ce virage vers le dessalement vise à répondre non seulement aux besoins immédiats, mais aussi à anticiper le risque de pénurie d'eau, le Maroc faisant déjà face à un niveau alarmant de 620 m³ d'eau par habitant en 2020. Ce chiffre pourrait descendre sous la barre des 500 m³ d'ici 2030, un seuil critique, comme l'indique la Banque mondiale.
Avec une dépendance accrue sur l'agriculture, qui consomme près de 85% des ressources en eau renouvelables, la pression démographique et les événements climatiques extrêmes n'ont fait qu'aggraver la situation. Les sécheresses, de plus en plus fréquentes, compromettent la stabilité économique et la sécurité alimentaire, entraînant une perte d'un million d'emplois dans le secteur agricole entre 2019 et 2024.
En réaction, le Maroc a lancé plusieurs plans tels que le Plan national de l'eau (PNE) et le Programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation (PNAEPI). Ces initiatives, dotées de budgets respectifs de 35,4 milliards et 13,2 milliards d'euros, visent à optimiser la gestion des ressources en eau et à renforcer l'accès à l'eau, notamment dans les zones rurales.
La route est encore longue, mais avec ces mesures audacieuses, le Maroc espère bâtir un avenir plus sûr en matière d'approvisionnement en eau. Les experts estiment que le succès de cette démarche pourrait servir de modèle à d'autres nations africaines confrontées à des défis similaires.







