L'arrestation surprise de l'ex-président bolivien, Luis Arce, a fait l'effet d'une onde de choc dans le paysage politique du pays. Interpellé mercredi à La Paz, il est lié à une enquête sur une affaire de corruption remontant à son mandat en tant que ministre de l'Économie (2006-2019) sous le gouvernement d'Evo Morales.
Arce, 62 ans, a quitté la présidence le 8 novembre 2022, marquant la fin d'une ère de près de vingt ans de gouvernements socialistes. Son prédécesseur, Evo Morales, fait face actuellement à des accusations graves et vit en exil dans sa région natale du Chapare.
Selon des informations du parquet, Arce devra répondre de charges de "manquement aux devoirs" et "conduite anti-économique". Ces accusations émanent d'une plainte selon laquelle il avait permis des transferts de fonds publics vers des comptes personnels de dirigeants paysans, une pratique soupçonnée d'être très répandue au sein du Fonds public pour le développement des peuples indigènes originaires (Fondioc) durant la dernière décennie.
Cette affaire prend une tournure encore plus intéressante avec le témoignage de Lidia Patty, ancienne députée de gauche, arrêtée la semaine précédente. Lors de son interrogatoire, elle a révélé avoir reçu près de 100 000 dollars pour un projet de culture de tomates, affirmant que le ministre de l'Économie de l'époque avait approuvé ce transfert.
Le vice-président Edmand Lara n'a pas caché sa satisfaction, affirmant que cette arrestation est une promesse tenue : "Tous ceux qui ont volé cette patrie rendront jusqu'au dernier centime". Cette déclaration souligne l'intensification de la lutte contre la corruption au sein de l'État bolivien, déjà en proie à des tensions politiques.
Maria Nela Prada, ancienne ministre sous le gouvernement d'Arce, a dénoncé les conditions de cette arrestation, affirmant qu'il avait été embarqué sans notification préalable, ce qui a soulevé des questions sur le respect des droits de l'homme. La loi bolivienne indique qu'un ancien président ne peut quitter le territoire pendant une période de 90 jours après son départ.
La situation politique en Bolivie est déjà fragile, avec un nouveau président de droite, Rodrigo Paz, qui a directement accusé les gouvernements socialistes précédents de mauvaise gestion. Le climat économique est également inquiétant, le pays faisant face à une crise économique majeure, avec une pénurie de dollars qui aggrave la situation.
Les experts craignent que cette arrestation ne soit qu'un début. "Le traitement de la corruption au sein de l'État pourrait conduire à d'autres révélations", a déclaré un analyste politique basé à La Paz. Alors que les anciens dirigeants du pays sont sous la loupe, le changement de l'ordre politique pourrait entraîner des allégeances politiques changeantes dans un avenir proche.
Pour une nation qui a traversé tant de bouleversements politiques ces dernières décennies, l'arrestation de Luis Arce constitue un chapitre nouveau et potentiellement décisif pour l'avenir de la Bolivie.







