Aux États-Unis, l'émergence d'un mouvement de « hommes blancs en colère » semble avoir pris de l'ampleur, alimenté par des discours politiques de haut niveau. La présidente de l’Agence fédérale pour l’égalité des chances en matière d’emploi (EEOC), Andrea Lucas, a récemment incité ces hommes à faire valoir leurs droits, arguant qu'ils pourraient faire face à des discriminations sur le marché du travail en raison de leur statut racial et sexuel. Ce plaidoyer, soutenu par le vice-président J.D. Vance, s'inscrit dans une tendance plus large de remise en question des politiques de diversité, particulièrement sous l'administration de Donald Trump.
Il est intéressant de noter que ce discours ne surgit pas dans un vide. Sylvie Laurent, historienne et auteur, a évoqué comment Trump a habilement politisé le sentiment d'injustice ressenti par certains hommes blancs, qui croient que leur position dans la société moderne est compromise par ce qu'ils perçoivent comme une « discrimination inversée ». Cette idée de victimisation est renforcée par des décisions judiciaires, comme celle de la Cour suprême en 2023, qui a mis fin aux pratiques de discrimination positive dans les universités américaines, exacerbant ainsi le sentiment de ressentiment parmi ces hommes.
Les politiques de discrimination positive, instaurées dans les années 1960 pour corriger les injustices raciales, sont maintenant critiquées comme étant injustes pour les hommes blancs. Daniel Sabbagh, docteur en sciences politiques, souligne que ces mesures avaient pour but de favoriser l'accès à l'éducation et à l'emploi pour les groupes historiquement sous-représentés. Toutefois, la vulgate promue par les « hommes blancs en colère » considère désormais ces actions comme un traitement préférentiel qui leur est injustement retiré.
Des voix critiques, comme celle de Randall Kennedy, professeur de droit à Harvard, rappellent que chaque avancée pour les droits des minorités a souvent été accueillie par des cris d'« injustice » de la part de ceux qui se sentent lésés. Cette dynamique historique se heurte aujourd'hui à un paysage politique qui semble de plus en plus sensible à la rhétorique des supporters de Trump. Les répercussions sont tangibles : des enquêtes fédérales sur des universités ne respectant pas les nouvelles directives anti-diversité sont en cours, alimentant un cycle de mécontentement et de ressentiment.
Avec cette montée du ressentiment, les hommes blancs conservateurs trouvent dans Trump et son administration des figures qui légitiment leurs angoisses. Que ce soit à travers l'incitation à la revendication de droits ou la remise en question des politiques d’inclusion, la période actuelle semble favoriser un retour en arrière dans les luttes pour l'égalité des droits. Alors que les discussions sur ces problématiques s'intensifient, il sera crucial de suivre comment ce phénomène évoluera à mesure que la société américaine continue de naviguer entre tradition et modernité.







