La Bolivie, troisième producteur mondial de cocaïne, voit ses cultures de coca s’élever à des niveaux sans précédent, atteignant 34 000 hectares, soit une augmentation de 10 % entre 2023 et 2024. Ce phénomène inquiète les autorités et les experts, qui pointent du doigt un écart béant entre les plantations autorisées et celles réellement existantes.
La loi bolivienne permet aux communautés autochtones de cultiver jusqu'à 22 000 hectares de coca pour des usages traditionnels tels que la mastication des feuilles ou leur utilisation dans des infusions. Cependant, selon Monica Mendoza, représentante de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), cet écart atteint 12 000 hectares, principalement attribuable au narcotrafic. En effet, la coca est le principal ingrédient de la cocaïne, et cette expansion des cultures illégales menace la sécurité et la santé des populations.
Marco Antonio Oviedo, ministre de l’Intérieur, a souligné que les chiffres reflètent une "permissivité" observée sous les gouvernements précédents. Cette situation pousse le nouveau gouvernement de Rodrigo Paz, qui a pris ses fonctions début novembre, à agir rapidement pour limiter ces cultures. "Nous allons travailler d’arrache-pied pour tenter de réduire les cultures de coca", a-t-il affirmé lors d’une récente déclaration, ajoutant que la réintégration de l'agence antidrogue américaine (DEA), expulsée en 2008, serait un élément clé de cette lutte.
Ernesto Justiniano, principal responsable de la lutte antidrogue du pays, a qualifié les estimations sur la production de cocaïne de "exorbitantes" et a annoncé son intention de renforcer l’éradication des cultures illégales. Cette intensification des efforts est essentielle alors que la Bolivie continue de faire face à des défis liés au narcotrafic, exacerbés par la pauvreté et le manque d'opportunités économiques dans certaines régions.
Des experts en politiques de drogues, tels que Javier Arce, soulignent que pour une réelle efficacité, il serait impératif de développer des alternatives économiques viables pour les agriculteurs de coca. "Sans solutions économiques attractives, la lutte contre le narcotrafic restera un combat sans fin", explique-t-il à l’édition locale du Le Monde.
Ainsi, la culture de coca en Bolivie ne peut être appréhendée sans examiner les dynamiques sociales et économiques qui l'entourent. Les enjeux sont immenses, tant pour la sécurité du pays que pour les traditions culturelles des communautés autochtones.







