En France, la vie en famille monoparentale concerne 2,4 millions de ménages, avec 85 % de ces familles dirigées par des femmes, selon l'Insee. Caroline, 42 ans, vit cette réalité depuis plus de neuf ans. Le père de ses enfants, âgés de 10 et 13 ans, a une garde limitée, ne s'occupant des enfants que durant la moitié des vacances scolaires et un week-end de temps en temps. « C'est moi qui gère la majorité des aspects de leur vie quotidienne », déclare cette maman, résidant à Belfort. Éloignée de son ex-conjoint, Caroline doit constamment jongler entre ses responsabilités familiales et un soutien familial limité. Sa propre mère étant malade, elle se trouve souvent confrontée à une épreuve de force mentale.
La charge mentale est omniprésente pour Caroline. « Penser à l'école, aux rendez-vous médicaux, à l'organisation des repas… c'est un marathon quotidien », explique-t-elle. Gérer le quotidien, c'est anticiper pour trois. Quand un enfant est malade, la maman doit tout de même se lever pour aller travailler. « J'assiste seule aux réunions parents-professeurs et je fais l'aller-retour aux activités extrascolaires », ajoute-t-elle. Cette année, elle doit chaque semaine transporter son aîné à des entraînements de handball, tandis que le plus jeune pratique l'athlétisme et la boxe. Caroline a consenti à collaborer avec d'autres parents lorsque les emplois du temps le permettent, une manière de partager un peu de cette charge.
Pour mettre un peu d'ordre dans cette vie trépidante, Caroline rationalise son organisation. « Je cuisine le dimanche et le mercredi pour préparer des repas à l'avance », explique-t-elle. Cela lui permet de gagner du temps lors des journées les plus chargées. Comme elle le souligne, « il faut penser à tout, mais c'est un soulagement d'avoir un système en place ». Ce défi constant affecte aussi sa santé : « Mon médecin pense que mon hypertension est liée à mon stress quotidien », admet-elle.
Caroline, qui travaille comme ATSEM à l'école maternelle, suit un rythme de vie semblable à celui de ses enfants, un luxe dans sa situation. Cependant, cette proximité a un coût émotionnel. « Je ressens une fatigue constante, et ma vie sociale en pâtit », confie-t-elle. En effet, les sorties entre amis ont diminué, et son temps pour elle est restreint. « En tant que femme, on se met un peu de côté », reconnait-elle.
Après une séparation éprouvante, Caroline a traversé des phases de colère et d'injustice. « Je voulais que leur père prenne ses responsabilités pour décharger une partie de cette pression », se souvient-elle. À présent, elle apprécie les liens uniques qu'elle a tissés avec ses enfants, et la solidarité grandissante qu'ils montrent à son égard. « Mes fils commencent à m'aider à la maison, ils me préparent même des repas quand je suis trop fatiguée », indique-t-elle avec un sourire.
Caroline incarne la résilience face à des défis multiples, illustrant ainsi la réalité de nombreux parents isolés, comme l’indique le rapport de l'INSEE et les témoignages d'autres mères dans des situations similaires. Un quotidien marqué par des sacrifices, mais également par une profonde connexion familiale.
