Un millier de personnes se sont rassemblées à Londres pour une « cérémonie de Noël » orchestrée par Tommy Robinson, figure controversée de l'extrême droite. Cet événement, salué par certains comme une réaffirmation des valeurs chrétiennes, a toutefois été dénoncé par de nombreuses personnalités religieuses, qui y voient une instrumentalisation du christianisme à des fins politiques.
Les évêques du diocèse anglican de Southwark ont exprimé leur inquiétude, affirmant : « Toute récupération ou corruption de la foi chrétienne dans le but d’exclure autrui est inacceptable ». Ils ont insisté sur le fait que l'utilisation de symboles chrétiens pour justifier des discours racistes et anti-migrants est profondément préoccupante.
La cérémonie, malgré sa nature controversée, s'est déroulée pacifiquement, avec une présence policière renforcée pour prévenir d'éventuels débordements. Deux personnes ont été arrêtées, indiquant que la tension était palpable bien que maîtrisée, selon les autorités.
À quelques pas du rassemblement de Robinson, une contre-manifestation organisée par le groupe antiraciste Stand Up To Racism a réuni environ 200 personnes. Les participants ont brandi des pancartes affirmant des messages tels que « Jésus était un réfugié », illustrant un appel à la solidarité intercommunautaire dans un contexte de division alimentée par l'extrême droite.
Mary Bills, une retraitée présente à la cérémonie de Robinson, a partagé son sentiment de se battre pour la préservation des traditions chrétiennes dans un pays, selon elle, tiraillé par des enjeux d'immigration et de culture. « Célébrer nos valeurs chrétiennes est crucial. Ce pays est chrétien, et il semble que revendiquer notre héritage soit devenu compliqué », a-t-elle déploré.
D'autre part, des analystes comme le sociologue Paul D. de l'Université de Londres notent que ce type de rassemblement révèle les clivages croissants au sein de la société britannique. « Loin de rassembler, ces événements contribuent à diviser davantage les communautés », a-t-il souligné lors d'une interview.
Tommy Robinson, connu pour ses antécédents judiciaires et ses nombreuses controverses, avait précédemment annoncé avoir trouvé la foi chrétienne en prison, ce qui a ajouté une autre couche à la complexité de son image publique. Depuis des années, il utilise des événements similaires pour rassembler ses partisans, répondant à une fringale chez une frange de la population qui se sent marginalisée dans le débat sur l'identité nationale.
Au regard des tensions accentuées par ces manifestations, il reste à voir comment cette dynamique affectera la dialogue social autour des questions de migration et d'appartenance en Grande-Bretagne, alors que le pays continue de naviguer dans des eaux politiques troubles. Comme l’affirme le critique politique David London dans The Guardian, « ces rassemblements posent question : jusqu'où la religion peut-elle être retournée dans le paysage politique actuel ? »







