À 82 ans, Denis Sassou-Nguesso, qui dirige la République populaire du Congo depuis plus de quatre décennies, se prépare à solliciter un nouveau mandat à l'élection présidentielle de mars 2026. Le mois dernier, lors du sixième congrès ordinaire du Parti congolais du travail (PCT), il a été officiellement désigné candidat, suscitant des acclamations au sein de son parti.
Sassou-Nguesso a déjà exercé ses fonctions sous un régime de parti unique de 1979 à 1992, avant d'être remplacé par Pascal Lissouba lors des premières élections pluralistes. Il a ensuite repris le pouvoir en 1997 suite à une guerre civile, puis a été réélu en 2002 et 2009. En 2015, il a modifié la Constitution pour abolir la limite de deux mandats présidentiels, une manœuvre qui lui a permis de s'accrocher encore davantage au pouvoir.
Préparatifs pour la présidentielle 2026
La présidentielle est programmée pour le 22 mars 2026, avec un vote anticipé pour les militaires prévu cinq jours plus tôt, une mesure controversée visant à maintenir l'ordre le jour du scrutin, déjà en vigueur lors d'élections passées. Le président du PCT a expliqué que cette mesure est essentielle pour garantir un environnement sécurisé durant le processus électoral.
Des voix critiques face à la candidature éternelle
La réaction de l'opposition a été immédiate et critique. Des membres de la société civile, dont Trésor Nzila, directeur exécutif du Centre d’actions pour le développement (CAD), ont dénoncé ce choix comme une évidence d'une « logique d'un système verrouillé ». Nzila a déclaré que la désignation de Sassou-Nguesso pour un nouveau mandat ne fait que mettre en lumière un réseau de corruption et d'impunité qui gangrène la politique congolaise.
Clément Mierassa, du Parti social-démocrate congolais (PSDC), a également exprimé son indignation, soulignant que la stratégie du PCT vise à conserver le pouvoir à tout prix, ce qu'il considère comme un moment tragique pour la nation. En avril 2023, trois partis d'opposition se sont unis sous la bannière de l'« Alliance pour l'alternance démocratique en 2026 », aspirant à un changement au sein de la direction du pays.
Un contexte difficile pour le Congo
Le Congo-Brazzaville, fort d'une population d'environ six millions d'habitants, possède de vastes ressources en pétrole et en forêts. Cependant, la majorité de sa population vit sous le seuil de pauvreté, une situation qui accentue les tensions sociales et politiques. Les élections ont été marquées par des accusations de fraude et de manipulation depuis 2002, mettant en doute la légitimité des victoires de Sassou-Nguesso.
En outre, des figures de l'opposition comme le général Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, qui avaient contesté les résultats des présidentielles de 2016, sont actuellement incarcérées après des condamnations jugées politiquement motivées. Leur emprisonnement soulève des inquiétudes quant à la liberté d'expression et au traitement des dissidents au Congo.
Alors que le climat politique reste incertain, l'avenir du Congo dépendra de la capacité de ses citoyens à réclamer des changements significatifs face à des dirigeants ayant longtemps exercé un contrôle sans partage.







