Bruxelles, Belgique – Un tournant majeur pour l'industrie automobile européenne est à l'horizon. La Commission européenne pourrait annoncer, lors d'une réunion cruciale, des mesures pour assouplir l'interdiction, prévue pour 2035, de vendre des voitures à moteur essence ou diesel.
Depuis plusieurs mois, les responsables ont exprimé des inquiétudes croissantes concernant la santé de l'industrie automobile, avec Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission, déclarant en mars que celle-ci était "en danger de mort". Les ventes stagnent, alors que des rivaux tels que le constructeur chinois BYD dynamisent leurs parts de marché avec des modèles électriques attractifs et à prix compétitifs.
Pour répondre à ces préoccupations, le Parlement européen pourrait remplacer l'objectif d'interdiction par une exigence imposant aux constructeurs de réduire de 90% les émissions de CO2 de leurs flottes. Cela ouvrirait la porte à l'autorisation des véhicules hybrides rechargeables, sous certaines conditions.
Un consensus semble émerger sur la nécessité d'une plus grande flexibilité concernant les objectifs de CO2. Paula Pinho, porte-parole de la Commission, a noté une forte demande de certaines nations, notamment l'Allemagne et l'Italie, pour maintenir une "neutralité technologique". Cela signifierait que les voitures à moteur thermique pourraient encore être sur le marché après 2035, en misant sur des technologies de réduction des émissions, un point de vue partagé par des experts de l'industrie.
D'un autre côté, des pays comme la France et l'Espagne expriment de vives réserves quant à ce revirement. Ils estiment qu'un assouplissement des normes minerait les investissements réalisés sur le tout-électrique et ralentirait l'élan pris par les constructeurs pour se convertir aux technologies plus durables.
Les craintes sont également alimentées par une dépendance croissante à l'égard des batteries et des composants électroniques asiatiques. Le ministre français de la Transition écologique a récemment souligné l'importance de soutenir l'ensemble de l'écosystème européen, en favorisant l'approvisionnement en matériels fabriqués en Europe.
Au-delà des voitures, l'UE pourrait aussi introduire des initiatives pour renforcer les flottes professionnelles et encourager des modèles de véhicules électriques plus accessibles, afin de ne pas perdre du terrain face à la concurrence asiatique.
Enfin, des voix dans le secteur, comme celle de Sigrid de Vries, présidente de l'ACEA (Association des constructeurs européens), rappellent que des choix stratégiques en faveur de l'électrification sont cruciaux pour préserver la compétitivité de l'Europe. À l'opposé, des ONG comme T&E mettent en garde contre les conséquences d'un ralentissement des efforts d'électrification, jugeant cela "une erreur stratégique".
Les discussions se poursuivent, et toutes les parties attendent avec impatience les directives finales de la Commission. Ce changement potentiel dans la réglementation pourrait non seulement redéfinir le paysage automobile européen, mais également influencer les choix des consommateurs à l'avenir.







