Marie-France Lorho, députée du Rassemblement National (RN) dans le Vaucluse, est sur le banc des accusés aux côtés de son ancien assistant, Yann Bompard, actuel maire d'Orange. Cette affaire, qui remet en question la légitimité de leurs fonctions, s'ouvre devant le tribunal judiciaire de Marseille.
Élu maire en novembre 2021, après la condamnation de son père Jacques Bompard pour prise illégale d'intérêt, Yann Bompard est suspecté de recel de détournement de fonds publics concernant un montant de 43.000 euros, correspondant à son salaire de collaborateur parlementaire. L'Assemblée nationale, partie civile dans cette affaire, évalue le préjudice total à 75.000 euros.
Les faits remontent à la période où Yann Bompard a endossé le rôle de maire, après avoir été le collaborateur de Marie-France Lorho. Initialement élue sous la bannière de la Ligue du Sud, un micro-parti d'extrême droite fondé par son père, Lorho a été réélue en 2022 puis de nouveau en 2024 sous l'étiquette RN. À la barre, elle tente de démontrer que Bompard a réellement participé à ses activités, évoquant ses contributions sur les réseaux sociaux et sa gestion des relations avec les administrés.
Cependant, son témoignage est fragilisé par des écoutes téléphoniques enregistrées en septembre 2023, où elle semble inciter un autre collaborateur à mentir sur l’affaire, avouant même être « redevable » envers Bompard père. Cette situation a provoqué des tensions, révélées par les législatives de 2022, où elle a pris conscience que le soutien de Bompard père n'était plus acquis, poussant ainsi à envisager une séparation avec son fils.
« Nous avons souvent des collaborateur(trice)s qui œuvrent de manière efficace, mais Yann n'a pas été aussi productif durant ses deux dernières années avec moi », a reconnu Lorho, sous-entendant qu'il n'avait pas reçu de prime contrairement à d'autres membres de son équipe. Cette affaire met en lumière les incohérences au sein des plus hauts rangs du RN, alors que sa propre candidature aux prochaines municipales à Orange se dessine, où elle se positionne en numéro deux de la liste RN.
Des voix critiques de la part d'analystes politiques commencent à se faire entendre, soulignant l'impact potentiel de cette affaire sur l'image du RN dans le Vaucluse et au-delà. Selon un commentaire d’un politologue interrogé par Le Monde, ces accusations pourraient nuire à la crédibilité du parti dans son ensemble et engendrer un désengagement des électeurs, déjà préoccupés par les affaires de corruption qui émergent régulièrement.







