Lors d’une audition au Sénat, des responsables d’une enquête administrative sur la sécurité au Louvre ont déclaré que la fuite des cambrioleurs, survenue le 19 octobre, aurait pu être stoppée « à 30 secondes près ». Selon Noël Corbin, directeur de l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac), les agents de sécurité ou la police auraient pu intervenir si une meilleure coordination avait été en place.
Les voleurs ont réussi à s’échapper grâce à une série de défaillances, notamment un problème de transmission des informations critiques. Pascal Mignerey, membre de la Mission sécurité du ministère de la Culture, a souligné qu’une caméra extérieure avait capturé toutes les étapes essentielles du braquage, mais que les images n’ont pas été exploitées à temps. « Lorsqu'un agent a finalement décidé de consulter ces images, il était trop tard, les voleurs avaient déjà quitté la scène », a-t-il précisé.
Cette situation souligne des failles systématiques au sein du musée, exacerbées par des décisions inexistantes pour améliorer les mesures de sécurité. Le sénateur Laurent Lafon a pointé du doigt un manquement à l’égard des préoccupations sécuritaires, affirmant que ce cambriolage « n’est pas un échec fortuit », mais le résultat de choix négligents.
Corbin a aussi mentionné un audit de 2019 par Van Cleef and Arpels, qui avait mis en lumière des vulnérabilités de la galerie d’Apollon. Pourtant, ce rapport n’a pas été partagé avec la nouvelle direction, ce qui témoigne d’un problème de mémoire organisationnelle au Louvre. Ce manque de communication et de suivi a été perçu comme un « symbole » des défaillances sécuritaires existantes.
Dans le contexte actuel, le Louvre fait face à une pression accrue tant de la part des médias que des syndicats, et la direction a déjà mis en place des mesures d’urgence pour renforcer la sécurité, telles que l’installation de systèmes anti-intrusion. Cependant, les visiteurs et les agents de sécurité s’inquiètent du manque de personnel et des ressources insuffisantes pour assurer une protection adéquate.
Les auditions au Sénat se poursuivront la semaine prochaine, avec l’interrogatoire dès mardi de Jean-Luc Martinez, ancien président du Louvre, suivi de Laurence des Cars. Ces échanges seront cruciaux pour décider de l’avenir sécuritaire de l’un des musées les plus emblématiques du monde.
En attendant, cette affaire soulève des questions cruciales sur la gestion des risques dans des institutions de cette envergure, et les voix s'élèvent pour une refonte nécessaire des protocoles de sécurité.







