À Bordeaux, la colère des habitants monte face au bruit incessant des bars et des terrasses. Rassemblés sous l'égide de trois associations, une quinzaine de riverains, emmenés par Stéphen Pusateri, se sont exprimés lors d'une conférence de presse ce 11 décembre, dénonçant ce qu'ils qualifient de « trente-cinq ans de laisser-aller » de la part des autorités municipales et étatiques.
L'ampleur des nuisances sonores est à la fois mesurée et vécue au quotidien. Un riverain témoigne que son appartement a enregistré un niveau sonore de 78,2 décibels, alors que le seuil autorisé s'établit à 30 décibels, décrivant ce bruit comme comparable à celui d'une autoroute. Un autre résidant, installé dans le quartier Saint-Pierre, a même révélé que ses enfants avaient besoin de somnifères pour trouver le sommeil, malgré cinq relevés effectués par le service de la Ville, qui sont restés sans suite.
Les appels des riverains sont clairs : ils exigent une application rigoureuse des lois sur le bruit. Stéphen Pusateri a évoqué les courriers envoyés au maire de Bordeaux, pointant son incapacité à faire respecter l'ordre public. En conséquence, une saisie du préfet est envisagée, selon la législation en vigueur qui permet à celui-ci d'intervenir si le maire est défaillant. Ce sujet de la responsabilité des autorités a été récemment mis en lumière par une décision du tribunal administratif, qui a condamné la Ville pour son inaction face aux nuisances sonores des établissements situés sur le quai Louis-XVIII.
Les habitants tiennent à préciser que leur critique ne se limite pas à la mandature actuelle, mais vise une inaction historique qui s'étend sur plusieurs décennies. Le slogan qui traduit leur désespoir : « De la Belle endormie au big bazar » souligne le changement radical dans l'expérience nocturne bordelaise.
Des avancées notables mais des luttes permanentes
Stéphen Pusateri a aussi partagé quelques petites victoires récentes, comme l'interdiction d'ouvrir des établissements à licence à moins de 100 mètres les uns des autres et des réglementations soucieuses de l'égalité d'accès à l'espace public. Cependant, il reste un long chemin à parcourir. Les riverains réclament, entre autres, la fermeture des terrasses à minuit, une limitation des surfaces extérieures pour les établissements, une surveillance accrue par la police municipale, et l'élaboration d'un arrêté visant à éviter la surconcentration de bar et restaurants dans certaines rues.
« Nous ne sommes pas contre la fête à Bordeaux, mais la concentration et l'intensification des activités nocturnes posent problème », souligne Pusateri.
La municipalité, représentée par Marc Etcheverry, partage ces préoccupations, tout en tentant de trouver un équilibre entre le dynamisme économique et le bien-être des résidents. « Nous œuvrons pour une mixité des commerces, nécessaire à la vitalité des quartiers, tout en prenant en considération les doléances des habitants », déclare-t-il.
Un avenir à discuter
Alors que les tensions persistent, les associations annoncent un questionnaire qui sera envoyé à chaque liste en vue des prochaines élections municipales, pour recueillir leur position sur ces enjeux de nuisances sonores. Quoi qu'il arrive, le débat sur ce dossier sensible sera au cœur des préoccupations des Bordelais jusqu'en mars 2026.
Les nuisances sonores à Bordeaux ne sont pas qu'un problème local. Elles rappellent un défi plus large que de nombreuses villes françaises doivent également surmonter, à mesure qu'elles cherchent à concilier vie nocturne et qualité de vie. Les habitants attendent des actions significatives et rapides de la part de leurs élus pour améliorer leur quotidien. Source : Sud Ouest.







