La corruption parmi les agents pénitentiaires connaît une forte progression, d'après les données du ministère de la Justice publiées le 12 décembre. Ces surveillants, en particulier, sont devenus des cibles privilégiées pour les narcotrafiquants, attirés par des sommes d'argent conséquentes.
Les statistiques révèlent une augmentation préoccupante de la corruption en milieu carcéral. Entre 2021 et 2023, les condamnations de personnels pénitentiaires pour avoir transmis des objets illicites à des détenus ont crû de 12 %. Ce chiffre atteindrait même 44 % depuis 2020, bien que seul un tiers de cette hausse soit lié aux effets de la pandémie, selon les commentaires de la Chancellerie. "L’État n’est pas corrompu, mais il doit s’attaquer à la corruption de certains de ses agents," a déclaré Gérald Darmanin sur BFMTV.
Ce phénomène touche à la fois les surveillants et les intervenants extérieurs. Le ministère a constaté que le nombre d'agents pénitentiaires condamnés pour corruption est passé de 22 en 2021 à 25 en 2023, et 25 sanctions disciplinaires ont été appliquées entre 2018 et 2024.
Les narcotrafiquants disposent de ressources financières considérables, leur permettant de corrompre des agents pénitentiaires plus facilement. "Cet argent peut faire taire tout le monde," a souligné le ministre, s'exprimant au micro d’Apolline de Malherbe.
Des surveillants souvent piégés
Dans ce climat de corruption, les agents pénitentiaires se retrouvent souvent pris au piège. Dans certaines prisons touchées par le trafic de drogue, les narcotrafiquants ciblent les surveillants jugés les plus vulnérables, les suivant à l’extérieur pour observer leur quotidien et identifier ceux qui rencontrent des difficultés. L’avocat Emmanuel Ludot a évoqué des cas où des surveillants reçoivent, sans le solliciter, une enveloppe d’argent destinée à les soudoyer.
Cependant, ces chiffres ne reflètent qu'une petite partie de la réalité. "C'est un problème souvent invisible en détention, mais je suis convaincue qu'il commence par de petites interactions, où les détenus essaient d'établir un lien avec certains agents," a affirmé Valérie Mousseed, directrice de prison.
Pour contrer cette corruption, l’Agence française anticorruption lance plusieurs initiatives visant à encourager les surveillants à signaler les anomalies dès que possible. Des protocoles spécifiques ont également été instaurés dans les quartiers abritant des narcotrafiquants, où les agents sont désormais tenus d'intervenir en binôme avec un collègue lorsqu'ils s'occupent d'un détenu.
Dans ce contexte, il est essentiel que l'État renforce ses efforts pour préserver l'intégrité de ses institutions et garantir la sécurité au sein de ses établissements pénitentiaires.







