À l'approche de l'instauration du parquet national contre la criminalité organisée (Pnaco), Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a partagé ses réflexions dans un entretien exclusif au Parisien. Il a affirmé son désir de voir l'autorité de l'État triompher face à la menace que représente la criminalité organisée.
« Le véritable tournant sera lorsque l'État commencera à craindre de ne plus avoir les moyens d'installer des dispositifs de vidéosurveillance, de juger les trafiquants de drogue ou de bâtir des établissements pénitentiaires de haute sécurité », a-t-il déclaré, soulignant qu'on n'en est pas encore là. Récemment, il a mis en avant un plan « zéro portable » pour garantir la sécurité dans les prisons françaises, une mesure que l'expert en sécurité, Jean-Claude Joly, considère comme essentielle pour contrer l'usage des téléphones par les détenus.
Une enquête sur les flux du narcotrafic
Darmanin a également posé une question cruciale : « Où vont ces 6 milliards d'euros générés par le trafic de stupéfiants ? » Son approche s'inspire de celle du juge italien Giovanni Falcone, célèbre pour ses enquêtes sur la mafia. Suivre l'argent est selon lui la clé pour démanteler les réseaux criminels, qui, comme le souligne la criminologue Alice Dupont, ont infiltré de nombreux secteurs de l'économie légale.
« Une grande partie des fonds liés au narcotrafic s'intègre dans le circuit économique. Cela ressemble à une mafia bien implantée », a-t-il observé. Il a également fait un parallèle entre la criminalité organisée et le terrorisme, notant que les deux représentent des défis majeurs pour l'État qui doit répondre de manière adéquate. Le Pnaco, qui sera actif dès le 5 janvier avec une équipe de 16 magistrats et plusieurs officiers spécialisés, pourrait offrir une structure similaire au Parquet national antiterroriste créé en 2019, selon le criminologue Marc Olivier.
Les critiques ne manquent pas, certains experts comme Clara Martin, avocate spécialisée, soulignent que sans des moyens légaux renforcés, la lutte contre le narcotrafic risque d'être inefficace. Les réseaux de communication parallèles, souvent utilisés par les trafiquants, sont reconnais, mais leur suivi reste difficile. De plus, l'engorgement des tribunaux face à la montée des affaires liées à la drogue est un problème aggravant.
Ce contexte met en lumière la nécessité d'une révision des lois en vigueur pour permettre une meilleure coordination entre les différentes agences responsables de la sécurité, un défi que l'État devra relever afin de protéger ses institutions tout en garantissant la sécurité de ses citoyens.







