En France, la période de Noël, autrefois emblématique de traditions profondes, semble aujourd'hui se réduire à une série d'évitements. Une "fête d'hiver" floue prend le pas, laissant derrière elle l'authenticité historique qui l'a jadis définie. Noël, loin d'être une célébration affirmée, s'excuse presque d'exister, devenant un enjeu politique au sein d'une société moderne en quête de sens, mais paralysée par la peur de l'offense.
Ces dernières années, les mots "Noël" ont presque disparu du vocabulaire courant, remplacés par des expressions vagues telles que "les fêtes". Ce glissement sémantique témoigne d'une volonté d'assouplir le message, de tout rendre plus acceptable. Comme l'évoque Philippe Muray dans ses réflexions sur l'homo festivus, une civilisation joyeuse par obligation, notre ère semble célébrer sans vraiment savoir pourquoi.
Notre société, où l'inclusion est souvent synonyme de dilution, préfère une célébration sans racines, un Noël dénué de fondements. Certes, les sapins sont là, brillants et décorés, mais les crèches ont disparu, jugées trop connotées. Le tout crée une ambiance festive qui, au lieu de rassembler, nomme le vide, remplaçant l'héritage culturel par un ressentiment superficiel.
Comme l'explique sociologue et auteur, David Le Breton, "nous avons créé des rituels de consommation au lieu de célébrations significatives qui nous connectent à notre histoire". Cette tendance à neutraliser les traditions ouvre la voie à une forme de stérilité, où la signification des rassemblements s'efface au profit d'une euphorie déconnectée.
Le sentiment résiduel de honte qui entoure Noël en France n'est pas imposé de l'extérieur; il émane d'une fatigue civilisationnelle qui refuse d'accepter son héritage. Dans un monde idéal où tout se doit d'être politiquement correct, la seule certitude est que nous avons remplacé la réalité par une série d'ambiguïtés.
Quand une nation commence à rougir de ses traditions, il devient urgent de questionner non pas les pratiques, mais l'identité même de cette nation. En renonçant à nos racines, que reste-t-il de notre culture ? Ne serait-il pas temps de réévaluer la place de Noël dans nos cœurs et dans notre société ? Pour [Le Monde](https://www.lemonde.fr), ce défi pourrait être plus qu'une simple festivité : il est désormais crucial pour la continuité de notre culture.







