Le froid hivernal enveloppe Saint-Tropez, mais l’esprit de Brigitte Bardot continue de résonner au sein de la commune. Les habitants, touchés par sa disparition, lui rendent un hommage discret mais sincère, affirmant que "son âme restera tropézienne pour l'éternité".
À La Madrague, Julia Gangotena a voulu marquer le moment en déposant des roses blanches au pied de son portail bleu, juste avant que les gendarmes ne restreignent l'accès au chemin bordé de roseaux. "Son âme restera tropézienne pour l'éternité", affirme cette jeune femme, émut par les souvenirs des rencontres quotidiennes, où elle croisa souvent l'icône promenant ses chiens sur la plage.
"C’est une femme qui a connu la foule tout autant que l’isolement, et elle est partie entourée de ses animaux, ce qui est une belle façon de quitter ce monde", explique-t-elle. Des bouquets et des portraits en noir et blanc de Bardot ornent les barrières, témoignant de l'affection des Tropéziens. Dans cette petite ville, qui devient un haut-lieu de la jet-set estivale, la tranquillité hivernale favorise la réflexion et le recueillement.
Roger Stehlin, un autre habitant, dépose un bouquet de mimosas, se remémorant le message puissant de l'émancipation qu'elle a véhiculé. Ceux qui s'arrêtent pour rendre hommage à Bardot partagent tous des anecdotes, témoignant d'une vie discrète où la gloire n'a jamais altéré son humanité. Le village, bien que calme, se souvient vivacement de cette star mondiale qui a cherché la sérénité loin de la frénésie du monde.
Nathalie Dorobisze, vêtue de noir, confie être "dévastée" par cette perte. "Le monde sans elle, c'est comme tourner une page qu'on ne pourra pas rouvrir. Elle a été là tout le temps", affirme-t-elle avec émotion. "On la voyait souvent, et quand elle était de bonne humeur, elle nous envoyait des bisous", se souvient-elle, illustrant la chaleur des interactions simples qu'elle entretenait avec ses voisins.
Bardot fut propulsée sur le devant de la scène en 1956 avec le film "Et Dieu... créa la femme" de Roger Vadim, alors son mari, faisant ainsi connaître Saint-Tropez à un public mondial. Deux ans plus tard, elle acquit La Madrague, sa villa emblématique, qui est devenue un lieu mythique à son image. Même après avoir délaissé sa carrière d’actrice pour se consacrer à la protection des animaux dans les années 1970, elle a continué à faire partie intégrante de la vie tropézienne, éloignée des excès de la nuit et de la fête.
La municipalité rappelle que Bardot fait désormais partie de la mémoire collective de Saint-Tropez. Simonetta Greggio, qui a tenté, en vain, durant des années de correspondre avec l'icône, a vu son amour pour elle matérialisé dans son livre, "Mes nuits sans Bardot", publié récemment chez Albin Michel. Un jour, pour ses 90 ans, elle lui avait offert des fleurs. "Elle nous a pris dans ses bras et a partagé avec nous son affection". Son parcours témoigne d'une femme d'exception, entre célébrité et simplicité.
En face de la célèbre gendarmerie nationale devenue musée, une sculpture de BB nue et dorée attire les regards. Des fleurs et même un chat en peluche reposent à ses pieds, symbole de la tendresse que lui portent ses admirateurs. Sabrina Sabatini est une parmi tant d'autres à lui rendre hommage, reconnaissant son avance sur des sujets comme la protection animale, autrefois écartés mais aujourd’hui d'actualité. Ses gestes et ses combats continuent d’inspirer de nombreuses personnes.







