Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs agriculteurs, répondant à l'appel des syndicats Coordination rurale et Confédération paysanne, ont déversé du lisier et des pneus devant des bâtiments administratifs à Agen, dans le Lot-et-Garonne. Cette action spectaculaire, lancée par une soixantaine de tracteurs, vise à dénoncer le silence du gouvernement sur leurs difficultés croissantes.
La manifestation a ciblé des institutions symboliques telles que la préfecture, le tribunal et d'autres organismes administratifs. Les agriculteurs, dépités par le manque de réponses à leurs préoccupations, ont exprimé leur frustration vis-à-vis de l'inaction des autorités. "Monsieur le préfet, vous fuyez vos responsabilités une fois de plus", a déclaré José Pérez, président de la CR47, mettant en lumière des statistiques alarmantes : 10 % des agriculteurs du département risquent de déposer le bilan, révèle la représentante syndicale.
Mercredi, un avis annonçant le report d'une réunion prévue avec divers acteurs du secteur agricole n'a fait qu'attiser le mécontentement. Les syndicats craignent que la situation financière de 75 % des exploitations agricoles soit grave à court terme. Dans un communiqué, la Coordination rurale a qualifié le gouvernement d'indifférent : "L'État persiste à ignorer les agriculteurs, alors que les politiques mises en œuvre détruisent nos exploitations et nos vies", a-t-elle souligné.
Face à ces enjeux cruciaux, la Confédération paysanne a également appelé les citoyens et élus à se joindre au mouvement pour revendiquer une politique agricole plus juste et respectueuse. D'autres syndicats, dont la CR4, ont exigé un moratoire sur les réglementations perçues comme écrasantes pour les filières agricoles. Leur revendication : un changement radical pour sauver l’agriculture française, flouée par une concurrence déloyale et des normes en constante augmentation.
Des experts du secteur, comme Jean-Claude Boucher, économiste agricole, estiment que cette situation illustre l’urgence d’une réévaluation des politiques en vigueur : "Sans une réaction rapide et efficace, nous risquons de voir disparaître une génération d’agriculteurs, ainsi que le tissu économique rural qui en dépend".







