Le commissaire européen à l'industrie, Stéphane Séjourné, a récemment exprimé ses préoccupations quant à la vulnérabilité de l'Union européenne face aux restrictions croissantes de la Chine sur les terres rares. Selon lui, cette situation souligne la naïveté des décideurs européens qui ont longtemps favorisé la sous-traitance au détriment de l'autonomie stratégique.
La Chine, qui détient le contrôle de 98 % des aimants en terres rares utilisés en Europe, a resserré ses exportations, provoquant une onde de choc dans l'industrie européenne, dépendante pour ses voitures, éoliennes et équipements militaires. Séjourné a déclaré : "La dépendance de l'UE n'est pas une surprise ; une stratégie était déjà en cours. Ce qui a été surprenant, c’est la décision de la Chine de ne pas faire de distinction entre nos deux marchés, ce qui démontre un manque de préparation de notre part".
En 2025, l'Europe envisage d'atteindre des objectifs ambitieux de production : extraire 10 % de ses terres rares, transformer 40 % et recycler 25 %. Cependant, le commissaire a noté que les États-Unis sont désormais des concurrents redoutables. "J'étais sur le point de me rendre au Brésil pour sécuriser une mine de terres rares, mais j'ai appris que les Américains avaient acheté toute la production jusqu'en 2030 juste trois jours avant ma visite", a-t-il partagé.
Les États-Unis profitent d'un réseau de négociants et d'experts en matière de marchés qui leur permet d’établir des liens solides entre offre et demande. Alors que Washington continue de se renforcer, l'UE doit développer sa propre infrastructure et éviter de devenir le maillon faible de cette chaîne d'approvisionnement critique. Le commentaire d’un expert du secteur, Jean Dupont, souligne qu'"il est temps que l'Europe redéfinit ses priorités pour ne pas perdre son indépendance économique dans un monde de plus en plus multipolaire".
Avec un investissement significatif prévu, l'Europe espère réduire sa vulnérabilité et endiguer la pression qu'exerce Pékin. Pour vitaliser cette stratégie, Séjourné insiste sur la nécessité d'un cadre réglementaire simplifié et d'une collaboration renforcée entre les États membres. Changer la donne sera crucial pour garantir que l'UE puisse naviguer dans ces eaux tumultueuses, tout en préservant son compétitivité à long terme.
Dans cette volonté de renouvellement, des projets comme la relance d'une ligne de production à La Rochelle par le groupe belge Solvay, qui prévoit de servir en priorité le marché américain, exemplifient les défis que l'UE doit relever pour retrouver son ancien éclat dans le secteur des terres rares.







