Au Chili, l'angoisse croissante face à la criminalité a placé José Antonio Kast en tête des élections présidentielles. Favori du second tour, il pourrait devenir le premier chef d'État d'extrême droite depuis la fin de l'ère Pinochet en 1990.
Depuis les années 2000, la violence liée aux gangs s’est accrue de 40% selon les statistiques officielles, tandis que les taux d’homicides ont grimpé de 50%, d’après des données de l’ONU. Une majorité de Chiliens considère désormais ce fléau comme le principal enjeu du pays.
Dans le centre de Santiago, des policiers masqués, à bord de véhicules banalisés, ont mené des opérations audacieuses contre le trafic de drogue, une réponse à l’arrivée de réseaux criminels ultra-violents issus d’autres pays d’Amérique Latine, notamment du Venezuela. Erick Menay, responsable de l’unité de lutte contre le crime organisé, attire l’attention sur l’augmentation des violences territoriales entre gangs, qui exacerbe le sentiment d’insécurité.
« Le pays est en train de se déchirer », déclare avec passion José Antonio Kast, qui se présente pour la troisième fois à la présidence. Sa campagne est focalisée sur l'insécurité et l'immigration clandestine. Selon les sondages, il devance la candidate de gauche Jeannette Jara. Kast s’engage à expulser des milliers de migrants en situation irrégulière et à renforcement des mesures de sécurité.
Cependant, bien que la criminalité ait augmenté, il est crucial de noter qu'elle part d'un niveau initialement bas. Une enquête démontrent que 88% des Chiliens estiment que la criminalité a augmenté l'année dernière, tandis que les données policières montrent une stabilisation, voire une baisse dans certains cas. Moins de 6% de la population a été victime de crimes violents, ce qui nuance l’image alarmiste souvent relayée.
Des experts divergent également sur la perception de la sécurité par la population. Christian Bolivar, ex-général, souligne que la peur s’est diffusée plus vite que la réalité de la criminalité. « Les gens ressentent une insécurité qui ne correspond pas toujours aux chiffres », explique-t-il. Cette distorsion entre perception et réalité crée un cercle vicieux, rendant les rues plus désertes et potentiellement moins sûres.
Les médias jouent également un rôle dans cette dynamique. Selon une étude récente, les consommateurs de télévision sont 25% plus susceptibles de considérer la criminalité violente comme un problème majeur par rapport à ceux qui lisent la presse écrite. Le besoin de reformuler la narrative autour de la sécurité est prégnant, car une meilleure information pourrait apaiser les craintes. En vue des élections, il s’avère essentiel de considérer ces enjeux dans leur globalité pour comprendre l’évolution de la société chilienne.







