La récente interception remarquée d'un pétrolier au large des côtes vénézuéliennes constitue un tournant dans la guerre économique menée par Washington. Celle-ci vise à démanteler un réseau maritime reliant Caracas, La Havane, Téhéran et Moscou, souvent désigné comme l'« Opep des sanctions », d'après une enquête du New York Times.
L'arrestation du pétrolier Skipper révèle une architecture complexe autour du troc « pétrole contre sécurité » entre le Venezuela et Cuba, un système crucial pour le régime de Nicolás Maduro, mais désormais menacé par une nouvelle stratégie américaine qui cible directement les cargaisons.
Le Skipper, qui a quitté le Venezuela le 4 décembre en transportant près de deux millions de barils de brut lourd vers Cuba, a en réalité engagé une manœuvre logistique complexe. Après le transfert de seulement 50 000 barils à un autre navire, le Neptune 6, ce dernier s'est dirigé vers Cuba, tandis que le Skipper changeait de cap vers l'Asie pour vendre le reste de sa cargaison, probablement à la Chine, principal acheteur de pétrole sanctionné.
Le troc « pétrole contre sécurité » : entre nécessité et opportunisme
Historiquement, ce commerce du pétrole, subventionné par le Venezuela à des prix très bas, a permis à Cuba d’accéder à des ressources essentielles en échange d'un soutien en matière de santé et de sécurité. Cependant, les révélations du New York Times indiquent qu'une partie significative du pétrole destiné à Cuba est désormais revendue en Chine, transformant le modèle économique traduisant ce partenariat en un mécanisme de contournement des sanctions.
Les intermédiaires au cœur de ce réseau complexe
Au centre de cette stratégie se trouvent des intermédiaires comme Ramón Carretero, un homme d'affaires panaméen. Ses entreprises ont représenté environ 25 % des exportations pétrolières vénézuéliennes en 2024. Sanctionné par le Trésor des États-Unis en 2024, Carretero joue un rôle essentiel dans le commerce parallèle qui devient de plus en plus vital pour les deux nations.
En termes d’exportation, la Chine représente 60 % des recettes, tandis que des sociétés comme Chevron génèrent seulement 15 % de l'activité. La stratégie américaine vise à perturber ces liaisons, avec des conséquences désastreuses pour l'économie de Cuba, déjà secouée par des livraisons en forte baisse.
Conséquences alarmantes pour Cuba et le Venezuela
Les livraisons provenant du Venezuela ont chuté de 87,5 % depuis 2020, créant une crise énergétique inédite. Le ministre de la Communication du Venezuela a dénoncé les actions américaines comme une forme de « piraterie », alors que le risque d'une catastrophe humanitaire pour Cuba s'intensifie.
Les experts estiment que ce système, basé sur des pratiques clandestines, risque d’être mis à mal si les saisies de cargaisons deviennent une pratique courante. Les tensions entre les États-Unis et les nations concernées continuent de croître, posant la question de la viabilité de l'approvisionnement pétrolier et de la sécurité régionale.
Des autorités américaines, à travers un processus d'interdiction accrue, aggravent la situation, tandis que l'avenir de ces échanges, jadis dynamiques, demeure désormais incertain et vulnérable.







