Sous les lumières de la Protofactory à Vernon, en Normandie, MaiaSpace, une start-up française fondée en 2022, prépare le premier étage de sa future fusée. L'objectif ? Une réutilisation dès 2028, un défi audacieux pour rattraper le retard face à SpaceX.
Alors que SpaceX a su s'imposer depuis 2015 grâce à ses fusées réutilisables, la compétition européenne s'intensifie. Yohann Leroy, président exécutif de MaiaSpace, affirme avec conviction : "Les lanceurs européens seront réutilisables ou ne seront pas". Ce point de vue est partagé par Josef Aschbacher, directeur de l'Agence spatiale européenne (ESA), qui évoque la nécessité de développer des fusées réutilisables pour les années à venir, afin de briser la domination de SpaceX.
MaiaSpace a déjà été sélectionnée par l'ESA pour participer au European Launcher Challenge, se mesurant à des concurrents comme Isar Aerospace, Rocket Factory Augsburg, Orbital Express Launch et PLD Space. Pierre Lionnet, directeur de recherche à Eurospace, souligne que le marché européen ne pourra accueillir que quelques acteurs. "Il y a de la place pour au maximum deux acteurs sur ce segment", prédit-il, conscient des défis à venir.
Alors que certains concurrents allemands ont déjà effectué des lancements, MaiaSpace doit encore fixer son calendrier. Le lancement initial, prévu pour 2025, est désormais prévu pour fin 2026. "Nous mettons tout en œuvre pour respecter cette échéance, même si nous ne le garantissons pas à 100%", explique Leroy. Ce léger retard, selon lui, pourrait même s'avérer favorable pour le projet, permettant un meilleur dimensionnement des investissements nécessaires.
Le cas de la récupération du premier étage, qui représente près de la moitié du coût du lanceur, sera particulièrement crucial. L'entreprise prévoit de commencer les essais de récupération lors de ses huitièmes ou neuvièmes vols, ce qui pourrait se concrétiser dès 2028. Cela pourrait conduire à une réduction des coûts des lancements, les plaçant au même niveau que ceux de SpaceX, soit environ 6000 euros par kilogramme transporté.
Actuellement, des travaux se poursuivent à Kourou, tandis que la Protofactory s’agrandit pour devenir Maiafactory. Des installations sur le site, surnommées "tire-bouchon" et "casse-pipe", sont déjà utilisées pour tester différentes phases de la fusée, cruciales avant tout lancement.
Récemment, MaiaSpace a remporté un contrat pour le lancement de la mission Toutatis en 2027. Cette mission, couplée à un projet avec Exotrail pour 2027, marque des avancées notables envers une présence effective sur le marché spatial.
Dans un contexte où l'avenir du secteur spatial européen se dessine, MaiaSpace semble résolument engagée à relever le défi de la réutilisation, offrant ainsi une alternative solide face à la concurrence internationale.







