Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1985, la paisible commune de Belhade a été le théâtre d'un crime abominable. Trois victimes, Jean-Claude Bonnefon, sa compagne Lucienne Gousse et le garde-chasse Michel Linder, ont perdu la vie dans un incendie criminel qui a suivi leurs exécutions par balle au sein d'un pavillon de chasse.
Quarante ans plus tard, cet événement tragique continue d'alimenter la mémoire collective, suscitant curiosité et effroi. Selon Jean-Marie Guilhemsans, ancien maire de Belhade et témoin des faits, des détails sinistres de cette nuit-là restent gravés dans sa mémoire. "Ce fut une découverte tragique, avec des corps retrouvés dans un état déplorable", déclare-t-il. Les gendarmes, devant un spectacle macabre, ont progressivement mis à jour les circonstances de ce triple homicide, qui a fait la une des journaux pendant plusieurs jours.
Aujourd'hui, l'auteur Philippe Lescarret s'est intéressé à ce drame en publiant un ouvrage intitulé L’Affaire de Belhade. Dans ce livre, il explore les pistes entourant ce meurtre, ayant notamment suivi les investigations qui pointaient vers le milieu de la criminalité bordelaise. "Il y a eu des allusions à des connections avec d'autres groupes criminels, notamment ceux liés au GAL", explique Lescarret, faisant référence à un groupe d'extrême-gauche actif à l'époque. Des témoins, dont certains sont encore hésitants à parler par crainte de représailles, confirment que l'atmosphère était lourdement chargée d'insécurité.
Les procès qui ont suivi, en 1989 et 1993, ont conduit à des condamnations, mais de nombreuses questions demeurent. D'ailleurs, une survivante de ce massacre, Marie-France, la sœur de Jean-Claude Bonnefon, s'est cachée dans un buisson avant de s'enfuir. Elle se souvient de cette nuit tragique comme d'un traumatisme qui l'accompagne encore aujourd'hui. "J'ai tout vu, et cela me hantera toujours", confie-t-elle, ajoutant avoir reçu des lettres de menace après les événements.
Les échos de cette tragédie sont encore présents, rappelant aux habitants de Belhade que certaines plaies ne se referment jamais. "On y pense encore lorsque des touristes en parlent", reconnaît Jean-Marie, rappelant que la petite commune a tourné une page, sans jamais vraiment refermer le livre sur ce drame. Philippe Lescarret espère, avec son livre, attirer l’attention sur ces faits, tout en se demandant s'il existe encore des zones d'ombre à éclaircir. "Je crois fermement que certaines vérités restent cachées", conclut-il, passionné par l'idée de continuer à enquêter sur cette affaire qui a ébranlé la région.







