Dans un entretien accordé au Parisien, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a soulevé une question alarmante : qui, de l'État ou de la criminalité organisée, sortira vainqueur de ce combat ? Avec l'installation imminente du parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco), prévue pour le 5 janvier, il s'inquiète d'un possible « point de bascule ». Selon lui, ce moment fatidique surviendra lorsque l'État commencera à craindre d'agir contre les narcotrafiquants, notamment en installant des caméras de vidéosurveillance ou en créant des prisons de haute sécurité. Heureusement, il affirme que nous n'en sommes pas encore là.
Le Pnaco, qui disposera initialement de 16 magistrats et 13 greffiers, se retrouvera rapidement avec 10 magistrats supplémentaires dès septembre. Vanessa Perrée, sa future responsable, a mentionné que le parquet prendra en charge près de 170 affaires complexes, dont l'évasion notoire de Mohamed Amra.
Au coeur de cette lutte contre la criminalité, Darmanin souligne la nécessité d'analyser « une criminalité très mouvante dont les circuits financiers sont complexes ». Il met l'accent sur une question cruciale : où se dirigent les 6 milliards d'euros générés par le trafic de stupéfiants ? En empruntant les paroles du juge Giovanni Falcone, il ajoute que « suivre l'argent » est fondamental pour combattre efficacement la mafia.
Le ministre de la Justice établit également un parallèle avec le terrorisme, évoquant des organisations criminelles cherchant à remplacer l'autorité de l'État et à réduire au silence ceux qui luttent contre elles. « Nous revivons les défis liés au terrorisme », déclare-t-il, appelant à une réponse adéquate de la part de l'État.
Pour faire face à cette menace, Darmanin a suggéré l'utilisation de moyens « dérogatoires au droit commun » tout en prônant le développement du renseignement, à l'image de ce qui a été fait dans le cadre de la lutte antiterroriste. Il insiste sur le fait que 90 % des affaires pénales proviennent d'informations recueillies par les services de renseignement avant d'être judiciairement traitées.
Cependant, le garde des Sceaux a également soulevé deux défis majeurs : les réseaux de communication utilisés par les narcotrafiquants, qui spéculent sur les failles de la loi, et l'engorgement des tribunaux, qui peine à suivre l'accroissement des dossiers liés au narcotrafic. Ces préoccupations, s'il reste à voir comment le gouvernement y répondra concrètement, pointent vers un futur incertain dans la lutte contre la criminalité organisée sur le sol français.
Alors que l'État se prépare à intensifier ses efforts pour contrecarrer le narcotrafic, la question demeure : serons-nous en mesure de préserver l'autorité de l'État face à cette menace grandissante ?







