Le Congrès brésilien a voté mercredi une proposition de loi visant à alléger la peine de l'ex-président Jair Bolsonaro, condamné à 27 ans de réclusion pour efforts visant à un coup d'État. Ce texte, soutenu par la majorité conservatrice et adopté par 48 voix contre 25 au Sénat, pourrait réduire sa durée d'incarcération à seulement deux ans et quatre mois.
La décision précède des manifestations massives, où des dizaines de milliers de citoyens se sont opposés à cette mesure dans plusieurs grandes villes. En effet, l'ancien président d'extrême droite, qui a été incarcéré fin novembre dernier dans les locaux de la police fédérale à Brasilia, fait face à une vague de critiques croissantes en raison de son comportement politique passé.
Le président actuel, Luiz Inacio Lula da Silva, a la possibilité d'imposer son veto à cette loi, mais une telle action pourrait être annulée par le Congrès si les soutiens de Bolsonaro persistent. Selon le Tribunal d'exécution des peines de Brasilia, en l'état actuel, Bolsonaro pourrait passer environ huit ans derrière les barreaux avant d'espérer un aménagement de sa peine.
Ce nouvel article de loi vise également à libérer sous condition des dizaines de partisans de Bolsonaro, condamnés pour les violences survenues lors des émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia. Ce jour-là, des milliers de bolsonaristes avaient attaqué les institutions nationales, exigeant une intervention militaire pour évincer Lula, qui venait d'être investi.
Le Sénateur Renan Calheiros a qualifié ce vote de "farce", insinuant que les alliés du gouvernement avaient manigancé le passage de la loi en échange d'avantages fiscaux pour certaines entreprises. Toutefois, Randolfe Rodrigues, un sénateur du Parti des Travailleurs, a fermement démenti toute collusion de ce type.
Au sein d'un Parlement dominé par des forces conservatrices, les partisans de Bolsonaro ont, depuis plusieurs mois, tenté d'obtenir une amnistie totale pour l'ancien président, sans succès. Cependant, ils ont finalement considéré la réduction de peine comme "une première étape" vers cet objectif.
La semaine dernière, ce texte avait déjà été approuvé par la Chambre des députés, suite à une séance tumultueuse. Le rapporteur de la loi au Sénat, Espiridão Amin, a modifié le texte pour restreindre la réduction de peine à ceux condamnés pour "crimes contre l'état de droit", ciblant ainsi Bolsonaro et ses proches ainsi que les participants aux émeutes de janvier.
“Ce texte est voué au veto”, a prédit le sénateur Rodrigues, le qualifiant de “lametable”. Cependant, le Parlement détient le pouvoir ultime pour annuler ce veto, si cela se produit.
Les partisans de la réduction de peine présentent ce texte comme un geste de réconciliation dans un pays profondément divisé. En septembre dernier, après un procès marquant, la Cour suprême a déclaré Bolsonaro coupable de diriger une “organisation criminelle” visant à conserver le pouvoir après sa défaite électorale en 2022, un plan qui aurait même impliqué l'assassinat de Lula, mais qui n'a pas abouti en raison d'un manque de soutien militaire.
Alors que le débat se poursuit, la situation politique du Brésil reste tendue, et de nombreux observateurs, y compris des experts en affaires politiques, s'interrogent sur les implications de ces développements pour la démocratie brésilienne et l'intégrité de ses institutions.







