Bruxelles, Belgique - Des milliers d'agriculteurs européens, dont de nombreux se sont déplacés en tracteurs, se sont réunis ce jeudi à Bruxelles pour exprimer leurs inquiétudes face aux politiques agricoles de l'Union Européenne. En ligne de mire : l'accord de libre-échange avec le Mercosur, jugé trop menaçant pour diverses filières agricoles en Europe.
"Nous sommes ici pour dire non au Mercosur, car il semble que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, cherche à passer en force avec cet accord", a déclaré Maxime Mabille, agriculteur belge spécialisé dans la production laitière. La dirigeante devait rencontrer une délégation d'agriculteurs dans la matinée pour discuter de leurs préoccupations.
Dès le début de la matinée, des dizaines de tracteurs ont tenté de converger vers la capitale belge, formant des colonnes bloquées par la police aux abords des institutions européennes. L'événement coïncide avec un sommet des chefs d'État et de gouvernement des 27 pays membres de l'UE.
La Copa-Cogeca, principal lobby agricole d'Europe, a annoncé s'attendre à l'arrivée d'au moins 10 000 manifestants, principalement d'agriculteurs français. Selon la police, "plusieurs milliers" de manifestants étaient déjà présents avant le départ du gros du cortège vers le quartier européen. Les inquiétudes des agriculteurs portent sur plusieurs sujets, notamment l'accord Mercosur, la hausse des taxes sur les engrais et la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC).
Ursula von der Leyen a besoin du soutien d'une majorité qualifiée de pays membres pour faire ratifier l'accord avec le Mercosur. Cependant, plusieurs pays comme la France, la Pologne et récemment l'Italie plaident pour un report de l'accord, tandis que l'Espagne et l'Allemagne le soutiennent activement.
L'accord vise à faciliter la vente par l'UE de véhicules, machines, vins et spiritueux vers l'Amérique latine, tout en augmentant l'importation de viande bovine, sucre, riz et soja sud-américains. Cette situation suscite l'inquiétude des agriculteurs européens, qui accusent leurs homologues sud-américains de ne pas respecter les réglementations environnementales et sociales en vigueur en Europe, ce qui leur permet de vendre à des prix plus compétitifs.
Arnaud Rousseau, président du syndicat français FNSEA, a exprimé son mécontentement en déclarant : "Cet accord est mal conçu et injuste. Un cadre de réciprocité est indispensable pour garantir que les normes de production soient respectées." De plus, des inquiétudes émergent concernant la réforme des subventions de la PAC, que certains estiment être en cours de dilution dans le budget européen.
La Fédération Wallonne de l'Agriculture (FWA) a dernièrement condamné la proposition de réduction de plus de 20% du budget de la PAC pour la période 2028-2034, tout en poursuivant la ratification de l'accord avec le Mercosur. Le mécontentement s'accentue également parmi les éleveurs français face à la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par le gouvernement, qui impose un abattage systématique de leur cheptel en cas de maladie.
Cette mobilisation témoigne des défis croissants auxquels sont confrontés les agriculteurs européens, alors que les inquiétudes concernant l'avenir de l'agriculture continuent de croître, ajoutant ainsi une nouvelle dimension aux débats politiques en cours.







