La question des féminicides en France suscite un débat vif et souvent émotionnel. La difficulté réside dans le comptage même de ces tragédies, oscillant entre les chiffres fournis par les associations féministes telles que la Fondation des Femmes et ceux présentés par les autorités. Selon Anne-Cécile Mailfert, présidente de cette fondation, le décompte basé sur les données ouvertes, incluant des sources comme les journaux régionaux, a répertorié 94 cas pour l'année 2025, un chiffre qui égale celui de 2024.
Parallèlement, le collectif NousToutes, qui adopte une définition élargie des féminicides, enregistre un total de 161 décès, incluant toutes les victimes de la violence masculine, qu'elles soient tuées par des proches ou poussées au suicide en raison du harcèlement. Cette approche met en lumière l'ampleur tragique des violences faites aux femmes, dépassant les simples homicides.
Les statistiques officielles, quant à elles, arrivent avec un retard significatif, souvent plusieurs mois après l’émergence des faits, en raison de la nature complexe des enquêtes. La nature des relations entre l’auteur et la victime n’est parfois pas immédiatement claire, ce qui complique les évaluations. Le service statistique interministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) a récemment rapporté 102 féminicides pour 2024, bien que ce chiffre soit toujours considéré comme provisoire.
Pendant ce temps, des organismes comme la Délégation aux Victimes (DAV), dans le cadre de ses travaux, compilent des données de diverses sources, y compris les statistiques judiciaires, pour obtenir un panorama plus clair de la situation. Chaque cas est scruté avec attention, mais cela prend du temps et certains incidents peuvent échapper à toute classification.
Cet effort de recensement a également pour but de sensibiliser l'opinion publique sur les contextes tragiques de ces pertes de vie, en mettant en avant les prénoms et âges des victimes, ainsi que les circonstances de leurs décès. À ce titre, le collectif NousToutes a entrepris d’ériger des « murs de femmage » en hommage à ces femmes, a fortiori pour rappeler que ce ne sont pas que des statistiques, mais des vies humaines interrompues.
Par ailleurs, les professionnels de la santé et de l'accompagnement comme le collectif '3919' - un numéro d'appel pour les femmes victimes de violence - poursuivent leur travail essentiel. L'importance d'un recensement précis des féminicides est également soulevée par divers experts, jugé indispensable pour orienter les politiques publiques, comme l’indique une étude menée par l'Observatoire des violences faites aux femmes.
Dans la perspective d'une lutte efficace contre les violences conjugales, des voix s'élèvent pour la mise en place d'un observatoire indépendant, capable de fournir des données en temps réel et d'évaluer l'impact des mesures préventives. Car comprendre l'ampleur de ce fléau est la première étape pour le combattre.







