Mardi soir, le général Mamadi Doumbouya a été couronné président de la Guinée avec un impressionnant 86,72% des voix, lors d'un scrutin sans véritable concurrent et critiqué par l'opposition. Ce scrutin, organisé quatre ans après le coup d'État qui l'a porté au pouvoir, se déroule dans un climat de restrictions politiques qui a plongé le pays dans une crise de confiance.
Les résultats préliminaires des élections révélés par la Direction Générale des Élections (DGE) montrent que deux autres candidats, notamment Abdoulaye Yéro Baldé, n'ont pas réussi à séduire les électeurs, enregistrant seulement 6,59% des suffrages. La participation, à 80,95%, reste un des éléments les plus discutés, bien qu'elle soit en baisse par rapport aux prévisions initiales.
Les principaux leaders d'opposition, comme Alpha Condé, l’ancien président destitué, ont été empêchés de participer, ce qui a poussé l'opposition à qualifier ce vote de «simulacre d'élection». Mamadi Diallo, une figure de proue de l'opposition, a dénoncé cette situation comme une «mascarade électorale» qui vise à légitimer la prise de pouvoir de la junte.
Malgré cet environnement tendu, les observateurs internationaux, dont l'Union africaine, ont salué le calme des élections et ont même qualifié le scrutin de «crédible». Cependant, il est crucial de noter les préoccupations persistantes concernant les violations des droits humains, notamment les enlèvements et disparitions ciblant les figures d'opposition.
Depuis la prise de pouvoir par le général Doumbouya, la liberté politique a été considérablement restreinte, avec des manifestations interdites et des arrestations fréquentes de membres de l'opposition. Le pays peine à sortir de cette chape de plomb, alors qu'une nouvelle Constitution adoptée en septembre a déjà ouvert la porte à des ambitions présidentielles pour le général lui-même, augmentant la durée du mandat présidentiel à sept ans.
La Guinée, riche en ressources naturelles comme le fer de Simandou, se trouve dans une situation paradoxale, où plus de la moitié de sa population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Les partisans de Mamadi Doumbouya espèrent que l'exploitation de ces ressources pourrait apporter un nouvel élan économique, mais le défi demeure colossal dans un pays où la confiance des citoyens envers leurs dirigeants s'évapore.
Alors que la Cour suprême va maintenant proclamer les résultats définitifs, de nombreux analystes, comme ceux de RFI, prévoient que la situation politique en Guinée continuera à susciter des interrogations tant que les droits des opposants ne seront pas respectés et que le retour à la démocratie ne sera pas concrétisé.







