Depuis un an, Ahmed al-Charaa, élue en tant que président par intérim, s'emploie à redorer l'image de la Syrie sur la scène internationale. Après plus de treize années d'isolement, son objectif est clair : reconstruire et maintenir l'unité de son pays face à la menace intérieure et extérieure.
Le 10 novembre 2025 a marqué un tournant dans les relations syriennes. Pour la première fois depuis 1946, un président syrien a été accueilli par son homologue américain à la Maison Blanche. Cette rencontre historique a été précisée après la levée des sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU contre al-Charaa, suivi par un retrait des États-Unis de la liste noire des terroristes, facilitant ainsi sa visite à Washington.
Les discussions entre les deux dirigeants ont porté sur le renforcement des liens bilatéraux ainsi que divers enjeux internationaux. Ahmed al-Charaa a réussi à obtenir une nouvelle suspension de 180 jours de la loi César, qui imposait des sanctions sévères à Damas. Cette évolution pourrait permettre à l'économie syrienne de reprendre son souffle.
Cette visite a également ouvert la voie à l'intégration de la Syrie dans la coalition internationale anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, officialisant son statut de 90e membre. Washington a de plus donné son feu vert à la reprise des activités de l'ambassade syrienne à Washington, ce qui symbolise une reconnaissance accrue du régime.
Ahmed al-Charaa, ancien chef rebelle ayant rompu avec le passé, tente astucieusement d'équilibrer les intérêts régionaux, se montrant pragmatique face aux demandes américaines. Il a exprimé son engagement à coopérer dans la lutte contre le terrorisme et à contrer l'influence iranienne dans la région.
Cette réconciliation a également suscité des échos en Europe, où le président français a manifesté son soutien à la destruction des extrémistes. Les discussions en cours visent à garantir une sécurité durable pour tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou communautaire. Emmanuel Macron a affirmé que la protection de chaque Syrien est primordiale.
Il est intéressant de noter que la Turquie, un ancien opposant, est devenue un acteur clé en soutenant des accords militaires qui favorisent la sécurité en Syrie. Cela prouve une opportunité inédite de coopérer face à un ennemi commun — le terrorisme.
La réalité syrienne est cependant complexe, avec des défis à relever, notamment la reprise des relations avec Israël et la gestion de l'influence russe dans la région. Des rapports en provenance de Moscou suggèrent que, malgré des différends antérieurs, le Kremlin pourrait jouer un rôle stratégique dans la réconciliation du pays.
Alors qu'al-Charaa navigue dans ce nouvel environnement géopolitique, il ne perd pas de vue la reconstruction de la Syrie, un enjeu crucial pour son peuple. Selon les estimations de la Banque mondiale, plus de 215 milliards de dollars seront nécessaires à la reconstruction, et le soutien de pays comme l'Arabie Saoudite, récemment réconciliée avec Damas, sera essentiel.
Dans ce contexte de renaissance, le président al-Charaa semble être sur la bonne voie pour transformer un régime souvent critiqué en un acteur politique légitime sur la scène internationale, mettant fin à des années de conflits et d'isolement. Comme l'a souligné le chercheur Nikita Smaguine, « Il suit sa voie avec cohérence et succès, ce qui était impensable auparavant ».
La Syrie se redresse lentement après une décennie de conflits et d'incertitudes, et les développements récents évoquent une lueur d'espoir pour son avenir.







