Un an après la chute du régime de Bachar al-Assad, le président syrien déchu demeure en exil en Russie, suscitant des interrogations sur son avenir. Malgré la demande du président syrien par intérim, Ahmed al-Chareh, pour que Moscou livre l’ancien dictateur, les chances de cette extradition semblent minces.
La nécessité pour Damas de se rallier à Moscou pèse lourd dans la balance. Comme l'indique Igor Delanoë, expert des affaires russes au Moyen-Orient, « la Syrie a besoin de la Russie bien plus que l'inverse ». En effet, le pays est à la recherche de fonds pour sa reconstruction, dont le coût est estimé à plus de 216 milliards de dollars par la Banque mondiale.
Les intérêts stratégiques de la Russie en Syrie, notamment ses bases militaires à Tartous et Hmeimim, sont également un facteur crucial dans cette équation. Ces installations permettent à Moscou d'exercer une influence significative dans la région et de garantir certains de ses intérêts économiques, surtout dans le domaine énergétique. Selon Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, Hmeimim servira même de plateforme pour des opérations vers l'Afrique, ce qui renforce la dynamique stratégique de la Russie.
Les conséquences d'une éventuelle extradition d'Assad pourraient également nuire aux relations de la Russie avec d'autres pays, en particulier dans le contexte africain. Comme le souligne Taline Ter Minassian, historienne spécialiste de l'URSS, cela pourrait entacher la réputation de Moscou, qui reste déterminée à affirmer son statut de partenaire fiable.
De plus, la présence russe est essentielle pour la Syrie non seulement sur le plan militaire, mais aussi économique. L’approvisionnement alimentaire et l’expertise technique fournie par les Russes sont devenus vitaux à mesure que le pays tente de rétablir ses infrastructures détruites par des années de conflit. Les coupures d'électricité, parfois supérieures à 20 heures par jour, ajoutent une couche de tension au climat déjà précaire dans le pays.
Face à ce tableau, la protection d'Assad par Moscou ne semble pas être simplement une posture stratégique, mais un engagement ancré dans des intérêts économiques et politiques plus larges. Ainsi, l’information demeure claire : tant que ces intérêts seront en jeu, l’ancien dictateur aura du mal à retrouver sa liberté, alors même que la Syrie et le monde attendent de connaître son sort.







