Lors de sa visite à Basse-Terre, Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, a inauguré la nouvelle maison d'arrêt en Guadeloupe, qui pointe déjà à un taux de surpopulation alarmant de 160 %. Avec seulement 130 places pour 211 détenus, la situation demeure critique, un constat récurrent pour les établissements pénitentiaires de l'île.
« Une prison est toujours un endroit difficile », a déclaré Darmanin, soulignant l'importance de réinsérer les détenus afin de réduire le risque de récidive. Cette nouvelle infrastructure se veut une amélioration par rapport aux anciens locaux, fréquemment qualifiés de « honte de la République », où la surpopulation avait conduit à des conditions de vie inhumaines.
Les syndicats pénitentiaires, comme Unsa-Ufap, s'inquiètent de la possibilité d'un afflux supplémentaire de détenus, anticipant un nombre pouvant atteindre 350 dans un futur proche. À cet égard, Frantz Sapor, délégué du syndicat, a mentionné que des matelas étaient déjà disposés au sol, témoignant des conditions précaires de détention.
Une réponse gouvernementale face à une crise récurrente
Les statistiques sont alarmantes : la maison d'arrêt de Baie-Mahault, par exemple, affiche un taux de surpopulation atteignant 240 à 250 %. « Au total, il est prévu d'ajouter 350 places supplémentaires d'ici deux ans », a précisé Darmanin, en évoquant également l'avancement du chantier à Baie-Mahault.
Samedi, il a aussi annoncé la création d'un tribunal de plein exercice et d'une prison de 60 places à Saint-Martin, une décision qui devrait alléger la pression sur le système pénitentiaire guadeloupéen, où près de 100 Saint-Martinois sont actuellement incarcérés en Guadeloupe.
Dans ce contexte, Gérald Darmanin a rappelé que construire des prisons ne constitue pas un objectif en soi mais résulte d'une nécessité de santé publique. Les statistiques inquiétantes associées à la violence et au trafic de drogues dans la région soulignent l'urgence d'une réponse appropriée. En effet, un tiers des homicides sur l’île est lié à des activités criminelles, tels que le trafic de drogue, et près de 25 % des détenus souffriraient de troubles psychiatriques.
La récurrence de violence, récemment exacerbée par le meurtre d'un psychiatre, met en lumière l'urgente nécessité de réformer le système carcéral et de s'assurer que les nouveaux établissements répondent aux attentes en matière de dignité humaine et de réinsertion.







