Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a récemment annoncé la création d'un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), prévu pour le 5 janvier prochain. Inspiré du modèle du parquet national antiterroriste, ce nouvel organe se donne pour mission de lutter contre le narcotrafic et le crime organisé en France. Pourtant, ses moyens semblent dérisoires face à l'ampleur des défis à relever.
Dans une interview accordée au Parisien, Darmanin a déclaré : « La question est de savoir qui va gagner entre l’autorité de l’État et la criminalité organisée ». Le Pnaco prendra en charge près de 170 affaires complexes, notamment celle de l’évasion de Mohamed Amra, mais il ne compte que 17 magistrats pour mener cette lutte cruciale. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'efficacité de l'action judiciaire dans un contexte où le narcotrafic est en forte hausse.
À la tête du Pnaco, Vanessa Perrée, magistrate avec une expérience significative, évoque les défis majeurs auxquels l’équipe sera confrontée. « Nous allons devoir démêler des réseaux de communication sophistiqués utilisés par les narcotrafiquants, ce qui complique considérablement notre travail », a-t-elle précisé pendant l'entretien. Le manque de financements adéquats pour la justice a également été soulevé par plusieurs experts, qui urgemment réclament des moyens supplémentaires.
Selon un rapport de la mission de préfiguration, le Pnaco n’a même pas encore de bureau fixe au sein du tribunal de Paris. Il est recommandé d'augmenter le nombre de magistrats à 31, mais pour l'instant, la réalité du terrain est bien différente. « Nous risquons d’avoir un parquet impuissant face à l’engorgement des tribunaux. La situation est préoccupante », a averti un membre de la Gauche démocrate et républicaine lors des débats à l’Assemblée nationale.
Les interrogations sur la lutte contre le narcotrafic ne s’arrêtent pas là. Gérald Darmanin met également en avant l’idée de créer des fiches S pour les narcotrafiquants, à l'instar de ce qui est fait en matière de terrorisme. « 90 % des affaires sur le terrorisme proviennent du renseignement avant d’être judiciarisées », a-t-il ajouté. Toutefois, il reste sceptique face à l’efficacité de cette stratégie face à des réseaux de plus en plus résistants.
Le lancement du Pnaco est donc empreint d'incertitudes. Entre le besoin pressant de moyens accrus et l’inefficacité de la justice actuelle face à une montée du narcotrafic, les défis à relever pour le nouveau parquet semblent colossaux. Les voix d’experts et les témoignages sur le terrain indiquent qu’une approche radicalement nouvelle et des ressources substantielles sont nécessaires pour espérer inverser la tendance.







