Malgré la période festive, la colère des agriculteurs est palpable dans le Sud-Ouest de la France, où une quinzaine de barrages demeurent actifs. À Carbonne, proche de Toulouse, environ 300 manifestants ont participé à une messe de Noël improvisée sous un chapiteau, témoignant de leur détermination.
La mobilisation, qui dure depuis plus de dix jours, est une réponse à la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Selon le ministère de l'Intérieur, encore 15 points de blocage étaient recensés mercredi soir, mobilisant environ 140 personnes, principalement dans le Sud-Ouest.
Ce matin, la gendarmerie a observé les mêmes barrages que la veille, touchant des autoroutes comme l'A63 près de Bordeaux et l'A64 entre Toulouse et Bayonne. À Carbonne, les « Ultras de l’A64 » ont organisé une messe festive, racontant à La Dépêche qu'une ambiance conviviale régnait avec des mets locaux offerts aux participants, tels que des huîtres et un sanglier rôti.
« On va se relayer dans la journée »
Monique, 80 ans, a souligné au micro de BMFTV son attachement à cette lutte, affirmant : "C’est la première fois que je passe Noël sous un pont, mais j’ai préféré rester ici pour soutenir." Un autre agriculteur, Laurent Abadie, a partagé sa propre expérience : "On a passé une super soirée hier soir, bien que ce soit compliqué aujourd’hui car beaucoup de gens sont en famille, mais nous continuerons à nous relayer."
Sur l'A63, à Cestas, des dizaines de manifestants ont également fêté le réveillon dans une ambiance de partage, innovant avec un marché de producteurs et une crèche illuminée, tandis qu'une parade de tracteurs est attendue à Pau ce soir, organisée par la Coordination rurale.
Une pression croissante sur le gouvernement
L'épidémie de DNC a récemment conduit à l'abattage de 72 vaches en Haute-Garonne, portant le bilan national à 115 foyers depuis juin. Les agriculteurs contestent la stratégie gouvernementale, axée sur l'abattage massif des troupeaux, la vaccination et le contrôle des mouvements. Cette approche, jugée drastique par de nombreux producteurs, suscite de vives critiques au sein des syndicats tels que la Coordination rurale et la Confédération paysanne.
Sébastien Lecornu, ministre de l'Agriculture, a tenté d'apaiser les tensions en adressant un courrier aux syndicats, annonçant une augmentation d'un fonds d'urgence destiné aux exploitations en difficulté. Ce geste, cependant, a été jugé insuffisant par des représentants tels que François Walraet, secrétaire général de la Coordination rurale, qui a exprimé des doutes quant à la sincérité des promesses faites : "Les annonces sont assez faibles, il est crucial que l’État réévalue sa stratégie."
Les syndicats prévoient de rencontrer à nouveau le Premier ministre en janvier, menaçant de poursuivre les mobilisations si des réponses concrètes ne sont pas fournies. Le débat sur la gestion de la crise et les indemnisations soulève des questions cruciales pour l’avenir des exploitations agricoles, sur lesquelles reposent de nombreux emplois et une économie locale fragile.
