Au cœur des Pyrénées, le béret français, emblème des paysans, des chasseurs alpins et des stars du cinéma, se trouve aujourd'hui en péril. Comme le souligne The Times, les derniers fabricants de ce couvre-chef emblématique luttent pour maintenir leur savoir-faire face à la montée des imitations bon marché venues d'Asie.
Oloron-Sainte-Marie, un village médiéval qui se considère comme le berceau du béret, abrite la Maison Laulhère, une des dernières manufactures encore en activité. Marie-Hélène Prat, une employée de longue date, évoque le processus minutieux de fabrication du béret, impliquant pas moins de 20 étapes : « Mon oncle, ma mère, mon cousin ont tous travaillé ici, cela fait partie de notre héritage », confie-t-elle. Le savoir-faire ancestral est donc en danger alors que la demande pour ce produit traditionnel s'effondre.
Depuis les années 1980, la France a perdu de nombreux concurrents, passant de 34 usines à Oloron à seulement trois aujourd'hui, dont la Maison Laulhère et deux autres petites manufactures. La chute des ventes est exacerbée par l'industrialisation rapide en Asie et par la fin de la conscription, qui a réduit la demande dans le secteur militaire, autrefois un client important pour les bérets.
La question de l'avenir du béret français ne se limite donc pas à la quantité, mais aussi à la qualité et à l'authenticité. Les deux fabricants restants tentent d'obtenir une indication géographique protégée (IGP) à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), mais ils se heurtent à des tensions internes concernant les critères d'attribution de ce label. Les désaccords portent notamment sur la bande de cuir intégrée à l'intérieur du béret, qui, selon Rosabelle Forzy, directrice de la Maison Laulhère, est essentielle pour maintenir l’intégrité et la qualité du produit. Selon elle, « retirer certains éléments du processus de fabrication signerait l’acte de décès du béret français. »
Dans cette lutte pour la survie, les artisans du béret font face non seulement à une concurrence acharnée, mais aussi à des rivalités internes qui pourraient compromettre l'avenir de ce symbole culturel. Alors que beaucoup se demandent si ce couvre-chef emblématique pourra résister aux défis du XXIe siècle, un appel à une prise de conscience collective se dessine parmi les acteurs du secteur. Il est désormais crucial de préserver ce patrimoine vivant, non seulement pour le plaisir des yeux, mais aussi pour valoriser un savoir-faire qui pourrait s'éteindre.







