Avec le soutien de son site d'assemblage à Tianjin, Airbus a signé un contrat historique de 8 milliards de dollars pour 55 appareils de la famille A320, renforçant ainsi sa position sur le marché chinois. Ce lundi 29 décembre 2025, Juneyao Airlines et Spring Airlines ont annoncé leur intention d'acquérir respectivement 25 et 30 A320neo, démontrant leur préférence pour la technologie européenne.
Cette commande massive n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’une stratégie d’implantation astucieuse qui remonte à plusieurs décennies. Airbus est le seul constructeur aéronautique étranger à posséder une chaîne d'assemblage en Chine, ce qui lui permet de contrecarrer les difficultés logistiques et de se présenter comme un partenaire local. Jean-Brice Dumont, responsable de la production chez Airbus, a déclaré : "Notre usine de Tianjin représente un atout majeur, nous permettant de répondre efficacement à la demande croissante en Chine."
Une position stratégique face à Comac et Boeing
L'ascension d'Airbus en Chine est remarquable. Au début des années 90, le groupe représentait à peine 10 % du marché aérien chinois. Aujourd'hui, avec plus de 2 100 avions en service, il détient plus de 50 % de part de marché, reliant sa production à la santé économique de la Chine. Selon une étude de l'Association internationale du transport aérien (IATA), la Chine absorbe désormais entre 20 % et 25 % de la production annuelle d'Airbus, accentuant ainsi la dépendance de l'avionneur à l'égard du marché chinois.
Par ailleurs, les difficultés de Comac, la société chinoise qui tente de développer son propre monoplan C919, ainsi que l'isolement de Boeing sur ce marché, renforcent la position d'Airbus. En 2024, Comac n'a livré que 12 C919, loin des objectifs de 25 unités par an. À l'inverse, Boeing se trouve dans une impasse, n'ayant pas enregistré de contrats significatifs depuis 2017, en grande partie à cause d'une série de malheurs techniques et des tensions entre Washington et Pékin. Francis Chappard, analyste en aéronautique, a noté : "La guerre commerciale entre les deux géants a définitivement fragilisé la position de Boeing en Chine."
Des contrats préfigurant une mégacommande
Les contrats signés par Juneyao et Spring Airlines pourraient n'être que la première étape d’un plan beaucoup plus vaste. Des rumeurs circulent concernant une commande potentielle de 500 avions qu'Airbus pourrait recevoir prochainement. Cela serait en lien avec des engagements pris lors de la visite d'Emmanuel Macron au début de l'année, où un protocole d'accord avait été signé pour la livraison de 120 avions. Ces développements soulignent que le marché chinois devient un élément central de la stratégie commerciale d'Airbus.
Avec ces nouvelles commandes, Airbus se sécurise une visibilité sur son carnet de commandes pour les années à venir, tout en prenant une avance considérable sur Boeing. Le paysage aéronautique mondial est ainsi en pleine mutation, et la montée en puissance d'Airbus en Chine ne fait que commencer.







