Historiquement réputés pour leur amour de la viande, même les Argentins, champions du monde de la consommation de viande bovine, commencent à changer leurs habitudes alimentaires. En 2024, le pays a enregistré une consommation record de 47 kg de viande par habitant, un chiffre en déclin par rapport aux standards d'antan où chaque citoyen consommait jusqu'à 170 kg par an. Ce déclin s'accompagne d'une mutation des mentalités face à des questions de santé et d'environnement.
Lors d'événements tels que "Locos por el asado" à San Isidro, les passionnés de grillades se rassemblent, mais ils parlent aussi d'un changement de fréquence dans leur consommation. Alejandro Perez, un participant, affirme qu'il ne grignote plus de la viande au quotidien : "C'est moins fréquent, trois à quatre fois par semaine, et je ne suis pas le seul à le ressentir." Graciela Ramos, 73 ans, admet également qu'elle a réduit sa consommation de viande rouge pour des préoccupations de santé, tout en conservant des souvenirs nostalgiques d’asados familiaux, un élément essentiel de la culture argentine.
Les experts comme Felipe Pigna soulignent que la viande a toujours occupé une place centrale dans l'identité argentine, que ce soit par le biais des tangos ou d'une abondance de produits d'origine animale sur les marchés. Mais alors que les sondages récents révèlent qu'environ 12 % de la population se dit végétarienne ou vegan, la dynamique semble changer. En effet, un rapport rendu par l'Union Vegane Argentine (UVA) révèle que le végétarisme et le véganisme gagnent du terrain, particulièrement parmi les jeunes générations.
George Breitschmitt, président de l'Institut de promotion de la viande bovine, note que même si la consommation interne a progressivement diminué, les exportations vers des marchés en forte croissance, surtout en Asie, comme la Chine, continuent d’augmenter. "Assurément, nous avons réduit notre consommation à 50 kg par personne au lieu de 100 kg auparavant. Néanmoins, à l'international, la demande croît." Ce phénomène d'adaptation fait écho à une prise de conscience accrue autour de l'alimentation durable et des préoccupations environnementales, un mouvement qui s’est également accentué en France. Selon une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), 20 % des Français sont désormais flexitariens ou végétariens.
Ainsi, même dans un pays emblématique de la viande comme l’Argentine, il semble que la tendance vers un régime alimentaire plus diversifié et conscient prenne de l'ampleur. Les influences extérieures et les changements de mode de vie continuent de façonner l'alimentation argentine, redéfinissant ainsi ce que signifie être un carnivore à l'époque moderne.







