Le Venezuela, connu pour ses réserves de pétrole, se prépare à se démarquer sur une autre scène : celle du rhum. Alors que l'exportation de ce spiritueux se développe à l'international, il rencontre des difficultés pour s'implanter sur son marché national, où les préférences se tournent majoritairement vers le whisky. Cependant, des experts comme Diego Urdaneta soulignent que le rhum vénézuélien bénéficie d'un climat et d'une production uniques qui en font un produit de qualité supérieure.
Les marques vénézuéliennes, couronnées de succès lors de compétitions internationales, sont en pleine mutation. Selon Urdaneta, la chaleur et l'humidité de la région, associées à des méthodes de fabrication traditionnelles, améliorent considérablement les caractéristiques du rhum. Malheureusement, dans un pays au bord du chaos économique et confronté à des tensions politiques, les producteurs doivent naviguer à travers des obstacles bureaucratiques pour atteindre les marchés étrangers.
Ce secteur paraît pourtant attractif pour les investisseurs. Des entreprises notables comme Brown-Forman, qui possède Jack Daniel's, ont acquis Diplomatico pour 725 millions de dollars, tandis qu'autres marques historiques comme Pampero et Cacique ont également fait l'objet d'achats importants. François Boccalandro, fondateur du Rhum Roble, constate qu'il s'agit d'un signe de la reconnaissance croissante du rhum vénézuélien à l'échelle mondiale.
Parallèlement, la création en 2003 d'une dénomination d'origine contrôlée (DOC) a établi des normes strictes pour le secteur, augmentant la qualité et la compétitivité du rhum sur le marché international. Alberto C. Vollmer, ancien dirigeant de Santa Teresa, déclare que bien que des lois restrictives aient initialement pénalisé certaines distilleries, cela a finalement élevé la barre pour l'ensemble de l'industrie.
Malgré des défis économiques terribles, de nouvelles marques émergent et le marché s'élargit. Guillermo Cardenas, président de Rhum Carupano, affirme que de nombreux acteurs se montrent intéressés par ce marché en plein essor. La production s'estime actuellement entre 500 000 et un million de caisses, et bien que la plupart des marques exportent 20 à 35 % de leur production, elles restent en compétition sur un marché global saturé. Comme le soulignent les experts, le rhum est aujourd'hui considéré non seulement comme une boisson, mais comme un véritable investissement à long terme.







