Le char de combat Leclerc, autrefois fier représentant des capacités blindées françaises, se retrouve aujourd'hui confronté à des défis majeurs. Construit dans les années 1980, il est en fin de vie opérationnelle, tandis que son successeur, le programme franco-allemand MGCS (Main Ground Combat System), n'est pas attendu avant 2045, un délai jugé trop long par beaucoup d'experts en défense.
Selons une étude récente de l'Institut français des relations internationales (Ifri), dirigée par le chercheur Léo Péria-Peigné, on décrit le parc de chars Leclerc comme étant "en soins palliatifs". La production a été stoppée en 2008, laissant un certain nombre de ces véhicules en situation critique. "Alors que l’Europe entière réinvestit dans son segment lourd, la France fait de plus en plus figure d’exception sur un continent qui réarme", souligne-t-il.
Actuellement, la France dispose d'environ 200 chars Leclerc en service, avec l'équivalent en réserve, en grande partie en raison de contraintes budgétaires. Pour compenser cela, le ministère des Armées a prévu de moderniser un nombre significatif d'unités d'ici 2030, avec une intégration de nouvelles technologies pour améliorer leur performance.
Allant plus loin, Péria-Peigné avance que des retards dans le partenariat avec l’Allemagne pour le MGCS exacerbent la situation. Initialement prévu entre 2035 et 2040, l'échéance a glissé vers 2045, principalement à cause des tensions industrielles entre les parties concernées. Des entreprises comme Rheinmetall se sont révélées être à la fois des partenaires et des concurrents, compliquant le processus de développement.
Des perspectives alternatives se dessinent, telles que l'acquisition d'un char intermédiaire, gracieusement surnommé "sur étagère", capable de bridger ce gap jusqu'à l'arrivée du MGCS. Les représentants français envisagent l'achat potentiel de chars comme le Leopard 2 allemand ou le K2 de Hyundai Rotem, dont la réputation est solidifiée par des accords avec la Pologne.
Le député François Cormier-Bouligeon a récemment exprimé des préoccupations quant à la collaboration avec Rheinmetall, signalant que malgré les efforts conjoints, le partenariat est entravé par des objectifs industriels divergents. « Nous constatons une problématique industrielle avec, soyons directs, un industriel allemand, Rheinmetall, dont les ambitions paraissent démesurées », a-t-il déclaré.
L'heure est donc à la réflexion sur l'avenir des capacités blindées françaises, car "la France ne peut se passer d’un segment lourd revitalisé pour maintenir ses ambitions militaires" dans le cadre de l'OTAN. La situation actuelle soulève des questions cruciales : comment une armée moderne peut-elle continuer à opérer efficacement alors que ses outils principaux s'affaiblissent ? La réponse reste à venir, mais les décisions prises dans les mois et années à venir seront déterminantes pour l'avenir de la France sur le théâtre militaire.







