Le gouvernement français a présenté une nouvelle stratégie, la troisième Stratégie nationale bas carbone (SNBC-3), visant à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, un objectif particulièrement ambitieux qui inclut la suppression progressive du pétrole et du gaz. Cette annonce tombe exactement dix ans après l'Accord de Paris, qui a été signé pour lutter contre les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
« Après une décennie, nous pouvons être fiers du chemin accompli », a déclaré le président Emmanuel Macron sur le site Projet Syndicate. Il a mis en avant la capacité de la France à allier progrès économique et protection de l'environnement, en affirmant que cette démarche permet simultanément de réduire les émissions et le chômage.
La volonté de la France, soutenue par ses partenaires au sein de l'Union européenne, de se diriger vers ces objectifs verts semble cependant de plus en plus compromise au regard des récentes négociations internationales, comme en témoigne la conférence climat de novembre à Belém, au Brésil. Les États-Unis, sous l'administration de Donald Trump, privilégient toujours l'exploitation des hydrocarbures, tandis que de nombreuses nations émergentes hésitent à se compromettre pour sortir des énergies fossiles.
Au sein même de la France, les opinions divergent sur les transformations importantes de mode de vie que cette stratégie implique. L'opinion publique est partagée sur les réductions de viande, au carburant, et aux voyages en avion, certains opposants les qualifiant d'« écologie punitive ». Cependant, la ministre de la Transition écologique, Monique Barbut, a précisé que la stratégie repose sur des évolutions possibles, telles que l'adoption de pompes à chaleur et de véhicules électriques pour le grand public.
Les objectifs à long terme, tels que la suppression du pétrole d'ici 2040-2045 et du gaz fossile d'ici 2050, suscitent des doutes quant à leur faisabilité. Actuellement, la France s'emploie à diminuer sa dépendance aux importations d'hydrocarbures, dans le but d’accroître la part de l'électricité renouvelable dans la consommation énergétique, de 37% en 2023 à 55% d'ici 2050. Benoît Leguet, directeur de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), a affirmé que cette transition électrique abondante est cruciale pour une meilleure compétitivité et indépendance énergétique.
Dans le secteur du transport, le gouvernement projette que 15% des voitures circulant sur ses routes soient électriques d'ici 2030. À terme, seuls les transports aériens continueraient à générer des émissions de CO2, des alternatives telles que camions électriques, trains et péniches étant mises en avant pour le transport de marchandises.
De plus, la France se préoccupe de son agriculture, en appelant à une augmentation de l'approvisionnement alimentaire à base de fruits, légumes et légumineuses tout en réduisant l'empreinte carbone de l'élevage, en incluant les pratiques de pâturage. Le gouvernement vise également à réduire le gaspillage alimentaire de 50% d'ici 2030 comparé à 2015.
Quant à l'industrie, la feuille de route prône une restructuration en vue de décarboner la production et d’ajuster les modes de consommation pour minimiser la demande en méthodes à haute intensité de carbone. Greenpeace a cependant exprimé son scepticisme quant à la réalité de ces objectifs ambitieux, insistant sur le risque que les promesses de la France ne soient que des ambitions de façade.







