Au cœur des préoccupations sociales de Bordeaux Métropole, le Conseil métropolitain a récemment fait le point sur les progrès de la construction de logements sociaux entre 2022 et 2024. Alors que l'objectif de production s'établit à 92 %, ce bilan exclut les défis que représente la crise immobilière actuelle.
Avec un total de 8 315 logements construits, Bordeaux Métropole se flatte d'un bilan jugé « globalement très satisfaisant », malgré un contexte difficile marqué par l'augmentation des coûts de construction et les contraintes de financement pour les organismes de logements sociaux. Jean-Jacques Puyobrau, maire de Floirac et vice-président à l'habitat, a mis en avant une aide de 71 millions d'euros pour soutenir ce secteur.
Cependant, l'analyse de ces chiffres révèle que cette performance est largement due à la construction récente de logements étudiants et à la bonne performance des prêts locatifs sociaux (PLS), qui ont atteint 4 267 unités, largement au-dessus de l'objectif de 1 800. Michel Labardin, maire de Gradignan, a souligné que cette tendance pourrait masquer des carences concernant les logements destinés aux ménages modestes.
Les logements financés par le prêt locatif aidé d'intégration (PLAI) ont produit 2 088 unités, alors que le besoin s'élève à 3 600 logements. De même, seulement 1 960 logements avec prêt locatif à usage social (PLUS) ont été construits sur un objectif équivalent. Labardin a pointé ces résultats comme « une lecture en trompe-l'œil », indiquant qu'il est impératif de concentrer les efforts sur les familles plutôt que sur des studios.
Une partie des objectifs fixés est atteinte grâce à la loi SRU, qui contraint certaines communes à offrir au moins 25 % de logements sociaux. Environ 70 % de ces constructions se situent dans des zones déficitaires, un point positif selon Puyobrau.
Les types de logements construits soulèvent cependant des inquiétudes. Avec plus de la moitié des nouvelles constructions étant des T1 (50 %) et seulement 18 % de T2, Labardin s'inquiète que cela ne réponde pas aux besoins d'une population familiale croissante. Pourtant, Puyobrau assure qu'un rééquilibrage est en cours avec davantage d'unités pour les familles.
Les élus se sont également exprimés sur des initiatives comme le bail réel solidaire (BRS), qui facilite l'accession à la propriété en dissociant le foncier du bâti. Ce dispositif commence à attirer l'attention, mais pour nombre d'observateurs, la nécessité de lever les freins à la construction et à l'accession à la propriété demeure critique.
Dans le cadre de la révision du plan local d'urbanisme, Labardin a appelé à réduire la pression foncière pesant sur le secteur. « Il est temps d'accélérer la maîtrise foncière pour que la qualité des réalisations ne pâtisse pas des coûts », a-t-il déclaré. Les prochains mois seront décisifs pour voir si Bordeaux Métropole parviendra à relever ces défis tout en continuant sa quête d'une diversification réelle et équilibrée de son offre de logement.







