Depuis son lancement il y a trois ans, Mon espace santé émerge progressivement comme le carnet de santé numérique incontournable pour les Français. Avec 97 % de profils créés et plus de 23 millions d'usagers actifs, cette plateforme récente a réussi à capter l'attention des assurés. Toutefois, malgré ce succès apparent, des défis subsistent, notamment dans l'engagement des publics moins familiers avec le numérique.
Ce carnet numérique, issu de la loi du 24 juillet 2019, est une réponse aux échecs rencontrés par le Dossier médical partagé (DMP). Il a été mis en œuvre dans un contexte plus large de transformation numérique du secteur de la santé, suivant les ambitions de la stratégie Ma santé 2022 et du Ségur numérique. Depuis janvier 2022, chaque assuré a accès à son espace, incluant à la fois des documents médicaux et un historique des soins remboursés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : d'après les données fournies par le ministère de la Santé, deux tiers des Français ont déjà reçu au moins un document via l'application, ce qui soulève l'espoir d'une meilleure coordination des soins.
La richesse de Mon espace santé ne réside pas seulement dans son accès facilité, mais aussi dans son intégration croissante avec les outils des professionnels de santé. En mars 2024, près de 95 000 praticiens, 17 000 pharmacies et plus de 6 500 structures médico-sociales alimentent la plateforme, permettant un échange d'informations plus fluide. Cela favorise non seulement une meilleure traçabilité des soins, mais également une prévention renforcée.
Cela dit, l'argent investi par l'État se chiffre en milliard d'euros, avec une évaluation de 0,7 milliard prévue jusqu'en 2027, sans tenir compte d'une partie des 2 milliards alloués à Ségur pour l'amélioration des systèmes de gestion de santé. La Cour des comptes met toutefois en garde contre la peur d'un nouvel échec du DMP, surtout si l’engagement des usagers reste faible, particulièrement parmi ceux en difficulté avec les outils numériques.
Pour contrer cela, un nouveau projet de loi renforce l'obligation pour les professionnels de santé de déclarer les données dans le DMP et d'exiger une consultation préalable avant certaines prescriptions. Des voix critiques, comme celle de l'association La Quadrature du Net, soulignent que ces mesures pourraient empiéter sur le consentement des patients, tout en remettant en question la gouvernance des données de santé.
Pourtant, le gouvernement insiste sur les avantages d'un service public gratuit, hébergé en France, et soutenu par un vaste réseau d'applications de santé certifiées, visant à renforcer la prévention et l'accès aux soins. Comme le souligne une analyse récente du site Santé Publique France, il est essentiel que les pouvoirs publics trouvent un équilibre entre innovation numérique et respect des droits des patients, afin d'utiliser au mieux cet outil d'avenir.







