Depuis l'affaire Bétharram, les écoles privées sous contrat en France font l'objet de contrôles accentués, qui suscitent des inquiétudes quant à leur nature intrusive et idéologique. Annoncées l'été dernier par le ministre de l'Éducation nationale, ces inspections ne touchent plus uniquement les établissements hors contrat, mais s'étendent désormais à un plus grand nombre d'établissements.
Traditionnellement, les écoles privées, qu'elles soient sous ou hors contrat, avaient déjà mis en place des systèmes de protection efficaces pour assurer la sécurité de leurs élèves. La Fondation pour l'école, par exemple, propose depuis quinze ans une charte de protection des mineurs. Ce déferlement de contrôles apparaît donc comme une réponse tardive à des enjeux qui sont déjà pris en main par ces institutions.
Guillaume Prévost, secrétaire général de l’Enseignement catholique, a exprimé son indignation face à ce qu'il perçoit comme une « instrumentalisation » de ces inspections. Dans ses déclarations devant l'Assemblée nationale, il évoque des « abus d'autorité » préoccupants, y compris des interceptions d'élèves sans la présence d'un adulte averti. Des témoignages révèlent un climat d'insécurité pour le personnel éducatif, accentué par des pratiques telles que des interrogatoires indiscrets sur les croyances religieuses des familles.
Les abus constatés ne se limitent pas aux simples interrogations. Des inspecteurs ont été rapportés en train de fouiller dans les casiers des enseignants, ainsi que dans les cartables des élèves, démontrant une dynamique où l'autorité administrative semble vouloir exercer un contrôle étroit sur des espaces considérés comme privés. Cela soulève de sérieuses questions sur le respect de la vie privée et le bon déroulement des contrôles, d'autant plus que ces visites se font parfois avec des équipes nombreuses dans des écoles modestes.
Certaines interrogations posées lors de ces inspections sont particulièrement troublantes : « Discutez-vous de sexualité à la maison ? » ou « Vos parents se disputent-ils souvent ? » Bien que de telles analyses soient nécessaires pour garantir que les élèves ne soient pas endoctrinés, la méthode utilisée suscite un malaise et est perçue comme un abus de pouvoir. Dans ce contexte, les écoles se trouvent prises entre l’obligation de coopération et le besoin de protéger leurs élèves de pratiques intrusives.
Des experts de l'éducation, comme Fabien Galtier, spécialiste des politiques éducatives, soulignent l'importance d'un encadrement raisonnable des contrôles, qui devraient aider les établissements à s'améliorer sans pour autant porter atteinte à leur autonomie. Un équilibre délicat à trouver, alors que certaines inspections se révèlent constructives et permettent aux écoles d'identifier leurs axes d'amélioration.
La tendance croissante à élargir le cadre des inspecteurs pourrait, selon certains observateurs, aggraver cette situation. Un décret récent offre à des personnes choisies pour leur expérience d’assumer des rôles d’inspection, risquant d'apporter une dimension encore plus subjective et politique à ces contrôles qu'ils soient perçus comme une menace ou un soutien, selon le point de vue des établissements.
Il est clairement primordial de s'assurer que l'enseignement respecté dans ces écoles reste en conformité avec les standards éducatifs nationaux. Mais la prévalence croissante d’une approche idéologique, venant souvent de ceux qui devraient soutenir ce secteur, pose de véritable enjeux à débattre. Alors que ces écoles représentent un choix éducatif de plus en plus prisé par les parents, la qualité de leurs résultats académiques, souvent plus performants que ceux des établissements publics, vient questionner la légitimité des contrôles excessifs qu'elles subissent.
La question se pose : les autorités éducatives appliquent-elles des standards similaires pour les écoles publiques ? D’après les retours de nombreux acteurs du secteur, il semblerait qu’une disproportion persiste, ce qui soulève un débat nécessaire sur la manière de garantir l'équité au sein du système éducatif français.







